La jeune pousse innovante Lyophitech basée à Vénissieux a annoncé ces derniers jours une levée de fonds historique de trois millions d’euros auprès de MBCI Industries. Portée par l’accélérateur Pulsalys, la start-up a mis au point une technologie de rupture dans la lyophilisation des produits à destination de l’industrie pharmaceutique, filière phare de la région Auvergne Rhône-Alpes. CScience s’est entretenu avec Marie-Hélène Gramatikoff, directrice générale de la pépite deeptech.
Créée en 2017 par Jean Delaveau, cette start-up deeptech implantée dans une commune de la métropole de Lyon commercialise trois machines à destination des industries pharmaceutique et nutraceutique.
Elle est spécialisée dans la lyophilisation, une méthode de séchage qui consiste à enlever l’eau des produits pour les conserver. Mais pas n’importe quels produits : Lyophitech s’occupe principalement des ingrédients pharmaceutiques actifs contenus dans les médicaments, tels que des virus ou des bactéries, mais aussi d’autres produits vivants sensibles à l’oxygène ou à la chaleur.
Son innovation réside dans sa technique de lyophilisation qui se veut dynamique, et elle s’inscrit dans un marché qui représente pas moins de quatre milliards d’euros, dont 80 % dans l’industrie pharmaceutique.
Une technique innovante : la lyophilisation dynamique
Inventée en 1906 par deux Français, la lyophilisation n’a pas connu de révolution notoire ou d’innovation majeure depuis plus de cent ans. « En 2017, Jean Delaveau met au point un tout nouveau processus qui en plus de la surgélation et de la sublimation, fait des oscillations dynamiques, renforçant la qualité des produits dits “hypersensibles” à destination de l’industrie pharmaceutique », explique Marie-Hélène Gramatikoff, directrice générale de Lyophitech.
Après sept ans d’existence, la start-up vient tout juste de finaliser une levée de fonds de 3 millions d’euros. Cette nouvelle étape de développement va permettre à Lyophitech de se doter de moyens financiers techniques et technologiques destinés à la lyophilisation des produits fragiles et toxiques dans l’industrie pharmaceutique.
« Le brevet ayant été fait avec un laboratoire public du CNRS, Pulsalys a toujours soutenu le développement de cette technologie de rupture. »
– Marie-Hélène Gramatikoff, directrice générale de Lyophitech
Cette forte augmentation de capital a été rendue possible par l’entrée au capital de MBCI Industries, société d’investissement familiale spécialisée dans l’innovation industrielle, mais aussi par l’accompagnement de l’accélérateur deeptech des territoires de Lyon et Saint-Etienne : Pulsalys.
L’incubateur-accélérateur Pulsalys fête ses dix ans d’impact dans la région AURA
Créée en 2013, Pulsalys est la société d’accélération du transfert de technologies (SATT) phare de la région AURA. En dix ans, elle a lancé pas moins de 143 start-up deeptech qui ont levé un total de 264 millions d’euros et réalisé 18 millions d’euros de chiffres d’affaires. 1 330 emplois ont été créés et près de 50 entreprises ont bénéficié de leurs innovations, dont Lyophitech.
« Le brevet ayant été fait avec un laboratoire public du CNRS, Pulsalys a toujours soutenu le développement de cette technologie de rupture » souligne Marie-Hélène Gramatikoff. Après un accompagnement technique depuis plusieurs années, l’incubateur-accélérateur est aussi entré au capital de Lyophitech.
Un modèle de transfert de technologie
Depuis un an, c’est Marie-Hélène Gramatikoff qui a pris la direction générale de Lyophitech. Pionnière dans l’innovation industrielle, elle a notamment fondé Lactips, une start-up ligérienne qui a mis au point le premier polymère sans plastique, hydrosoluble et entièrement biodégradable.
Marie-Hélène Gramatikoff est également membre du comité stratégique de France 2030, elle co-préside le consortium Poussalys qui soutient les start-up deeptech en amorçage, et siège au conseil de l’école de commerce EM Lyon. Celle qui a toujours cru à la puissance de l’innovation dans le monde industriel se réjouit de cette levée de fonds : « Je trouve que c’est extraordinaire, car c’est une start-up deeptech française qui incarne pleinement la nécessité, en France, du transfert de technologie. »
Présente uniquement sur le marché français, Lyophitech entend se développer à l’international, à commencer par nos voisins. « Ces trois millions d’euros vont servir au développement commercial en Europe, à savoir l’Allemagne, la Suisse et la Grande-Bretagne, des pays leader dans l’industrie pharmaceutique », souligne Marie-Hélène Gramatikoff.
« Je trouve que c’est extraordinaire, car c’est une start-up deeptech française qui incarne pleinement la nécessité, en France, du transfert de technologie. »
– Marie-Hélène Gramatikoff, directrice générale de Lyophitech
Elle ajoute que la levée de fonds servira également au développement technique de l’entreprise, notamment avec deux nouvelles fonctionnalités de chargement et déchargement des produits dans les cuves, mais aussi au développement commercial, avec le renforcement du site de Vénissieux, dédié à l’accompagnement des clients. Quant à l’entrée au capital de MBCI Industries, holding de la famille du Mesnil séduite par la technologie de Lyophitech, Marie-Hélène Gramatikoff évoque avant tout « une belle synergie technique ».
Pour aller plus loin :
[ÉDITORIAL] : La reconquête industrielle… avec ou sans le culte de l’innovation à tout prix
Crédit Image à la Une : Pulsalys