Ce mardi 28 mai, le Matmut stadium de Gerland à Lyon accueille la 21è édition du concours Les Décideures. 4 cheffes d’entreprise lyonnaises issues des 4 catégories en lice seront récompensées pour leur entrepreneuriat et leurs parcours inspirants. CScience s’est intéressé aux six profils de la catégorie Femme de la tech et a pu échanger avec l’une d’elles sur la portée de ces concours basés sur le genre.
Un concours dédié aux dirigeantes lyonnaises
Le média Tout Lyon renouvelle pour la 21è fois cette année son concours dédié aux entrepreneures de notre territoire. Elles sont présidentes, repreneuses, créatrices, gérantes, mais surtout talentueuses et créatives. Objectif : mettre en avant les femmes qui réussissent pour combattre les stéréotypes, valoriser leurs succès, améliorer la représentation et inspirer les générations futures. Un événement à succès soutenu par différents partenaires publics et privés de la région, dont le CIC, la CPME du Rhône, la Ville de Lyon ou encore la Fondation HCL.
Les Décideures se présente comme un concours participatif, puisque les gagnantes sont élues avant tout par le grand public. Cette année, les internautes pouvaient voter du 25 avril au 7 mai 2024 sur le site de Tout Lyon pour soutenir l’une des 24 nommées pour les trophées. 4 catégories sont retenues : Femme d’audace, Trophée de la transition, Made in ici, Femme de la tech. À l’issue de cette première phase, les trois entrepreneures par catégorie les plus plébiscitées par le public obtiennent leur place en finale.
La main sera alors laissée à un jury composé d’expertes, de personnalités féminines du monde économique et de la rédaction de Tout Lyon qui départageront ensemble ces 12 derniers profils pour retenir une seule et unique gagnante par catégorie. Les prix seront remis à l’occasion d’une grande soirée, ce mardi 28 mai, au Matmut stadium de Gerland à Lyon.
Décideures 2024 : qui sont les six candidates dans la catégorie Femme de la tech
Cette année, les profils retenus en tant que « Femme de la tech » ont placé la barre très haute, avec le domaine de la HealthTech qui se démarque.
- Ti3rs : Eva Ngalle a développé l’application Ti3rs en réponse à une situation d’urgence personnelle. Suite à sa séparation avec son ex-conjoint violent, le harcèlement, les injures et les menaces continuent dans le cadre de la garde de leur enfant. Elle imagine alors une application mobile pour faciliter et surtout sécuriser la communication entre les parents séparés, particulièrement dans un contexte de violences conjugales.
- SafeHear : Héléna Jérôme a fondé SafeHear, une entreprise qui commercialise des protections auditives pour les ouvriers sur les chantiers et en usine. La cheffe d’entreprise fait également partie du collectif « Les Meufs pour l’Industrie », engagé pour donner des modèles féminins d’entrepreneuriat dans la filière industrielle.
- Capsix Robotics : Après une thèse en informatique, Carole Eyssautier a co-fondé Capsix Robotics, un robot de massage piloté par l’intelligence artificielle.
- Groupe Voltaire : Mélanie Viénot est dirigeante du Groupe Voltaire, dont fait partie le fameux projet Voltaire, un outil d’entraînement en ligne pour améliorer son orthographe. Elle a également créé une fondation d’entreprise pour offrir la maîtrise de savoirs synonymes d’émancipation.
- OOrion : Stéphanie Robieux a co-fondé OOrion en janvier 2022, un outil de mise en accessibilité pour les personnes déficientes visuelles. Son application mobile, dont les fonctionnalités utilisent l’IA, a même remporté deux prix d’innovation au CES de Las Vegas cette année.
- Yookkan : Valérie Narcisse a créé Yookkan, un logiciel de gestion de projets collaboratif qui entend révolutionner le travail en équipe.
Améliorer la représentation des femmes dans la tech
Stéphanie Robieux est présidente et co-fondatrice d’OOrion, une application mobile gratuite à destination des personnes déficientes visuelles. Elle fait partie des six profils retenus pour la catégorie Femme de la tech cette année. Des bénéfices de cette nomination, elle retient avant tout l’interview-vidéo réalisée pour Tout Lyon, qu’elle a pu relayer sur ses réseaux, et le fait « d’être aux côtés de femmes décideurs et inspirantes » en ses termes.
Stéphanie Robieux s’interroge cependant sur l’impact de ces concours dédiés uniquement aux femmes. « J’ai jamais été favorable au fait de mettre en avant que je suis une femme entrepreneure, même si c’est bien que ce magazine valorise des femmes qui décident » explique la fondatrice d’OOrion.
Une start-up lyonnaise primée au CES change la vie des déficients visuels
De sa prépa scientifique à son école d’ingénieur, et aujourd’hui au sein du monde entrepreneurial, elle constate qu’elle a toujours baigné dans des environnements très masculins. Selon elle, le nommer tel quel ne fait qu’entretenir la différence : « Ça ne change rien au fait que je sois ingénieure, d’être une femme ingénieure ! On se bat surtout par l’exemple, en intégrant ces milieux essentiellement masculins ».
Elle reconnaît néanmoins que dans certaines situations, le fait d’être une femme dirigeante la dessert : « Difficile de convaincre certains décideurs d’investir. Malheureusement, beaucoup ont encore du mal à faire confiance à une femme âgée de 26 ans ». Elle ajoute qu’il est plus difficile de s’imposer ou de diriger des personnes et « qu’en tant que “femme CEO”, on va forcément être confrontées à des situations auxquelles un homme ne serait pas ».
« Au-delà d’être une femme qui reçoit un prix, c’est montrer qu’une femme dans la tech à un poste de dirigeante, ça peut marcher. »
– Stéphanie Robieux, présidente et co-fondatrice d’OOrion
Car Stéphanie Robieux fait l’exception dans l’exception, elle est ingénieure, entrepreneure et dirigeante… Dans le monde la tech. « Pour moi, c’est surtout le fait d’être une femme dans la tech qui est un bon symbole » souligne-t-elle. Elle rappelle que beaucoup de jeunes femmes se découragent dès le lycée, constatant que le milieu de la tech est presque exclusivement masculin.
Elle cite d’ailleurs l’exemple de sa propre petite sœur. Alors si elle reçoit le trophée Les Décideures, c’est avant tout cet aspect-là que Stéphanie Robieux retiendra : « Au-delà d’être une femme qui reçoit un prix, c’est montrer qu’une femme dans la tech à un poste de dirigeante, ça peut marcher. »
On a hâte, en tout cas, que le fait d’être femme et décideur ne soit plus une exception.
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Crédit Image à la Une : Unsplash