Téléconsultation : des rendez-vous obtenus 5 fois plus rapidement, selon la Fondation Jean Jaurès

Téléconsultation : des rendez-vous obtenus 5 fois plus rapidement, selon la Fondation Jean Jaurès

La Fondation Jean Jaurès, en partenariat avec la plateforme Doctolib, publie une étude inédite sur l’accès aux soins en France. Avec des statistiques concernant quelque 75 000 professionnels de santé utilisateurs de Doctolib et près de 200 millions de consultations en France en 2023, le rapport vient compléter les connaissances existantes sur le sujet et souligne le rôle de la téléconsultation dans l’amélioration de l’accès aux soins.

Si la France a longtemps été considérée comme « l’un des meilleurs systèmes de santé au monde », l’incertitude, voire l’inquiétude, règne depuis quelques années. C’est à partir de ce constat que la Fondation Jean Jaurès, aux côtés de la première plateforme des professionnels de santé Doctolib, dresse un rapport de l’accès aux soins en France. Intitulée “Les cartes de France de l’accès aux soins – soignants et patients face aux inégalités territoriales”, l’étude se compose d’une dizaine d’analyses de professionnels de santé, d’élus locaux et de géographes. Elle dresse un panorama complet et détaillé sur l’accès à la médecine de ville et la mobilisation des professionnels de santé sur les territoires métropolitains, et rappelle l’importance du recours aux technologies pour les professionnels et les usagers.

Une réponse au fossé entre soins primaires et soins de spécialités

Premier constat : si les délais d’octroi de rendez-vous sont moins alarmistes que le ressenti des patients capté lors d’études précédentes, le fossé se creuse entre l’accès aux soins primaires et l’accès aux spécialistes. Pour un médecin généraliste, il faut compter en moyenne trois jours entre la prise de rendez-vous et la consultation – à noter que près de la moitié sont prises en moins de 48 heures (41 %), en recul de trois points par rapport à 2021 – et environ une semaine pour un pédiatre.

Si plus de 70 % des consultations chez le médecin généraliste et le pédiatre sont réalisées en moins de 48 heures, les délais augmentent drastiquement pour les soins de spécialités. La psychiatrie, la gynécologie et l’ophtalmologie requièrent jusqu’à un mois de délai, avec des grandes variables selon les spécialités – il faut compter environ 11 jours pour une sage-femme et un chirurgien-dentiste par exemple. Mais seulement 15 à 30 % des consultations sont réalisées en moins d’une semaine pour les autres spécialités médicales. Pour obtenir un rendez-vous chez un cardiologue, il faut patienter en moyenne 42 jours, soit 9 jours de plus qu’en 2021 selon cette même étude.

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Ici, le recours à la téléconsultation peut apporter une première réponse au besoin croissant de soins. L’étude montre qu’en moyenne, les délais médians d’octroi de rendez-vous sont cinq fois plus rapides en consultation « à distance » par rapport à l’ensemble des consultations, contribuant ainsi à apporter de la flexibilité dans l’organisation du cabinet. Et l’usage de cet outil numérique est particulièrement prononcé chez les médecins généralistes, les pédiatres et les gynécologues, où plus de 40 % des professionnels utilisent la téléconsultation via leur logiciel de gestion de patientèle selon cette même étude. En proposant de la téléconsultation pour une partie de leur rendez-vous, si l’objet de la consultation le permet, les professionnels de santé contribueraient à améliorer l’accès aux soins de spécialités.

Une solution aux déserts médicaux

Les différentes cartes réalisées par l’étude résonnent avec les inégalités territoriales d’accès aux soins dans l’Hexagone. Les départements fortement urbanisés ou universitaires – notamment l’Île-de-France et les littoraux français – sont généralement sous les délais médians d’octroi de rendez-vous. L’étude montre ainsi que quatorze départements répartis dans sept régions de France sont en difficulté.

Les délais sont au moins deux fois supérieurs à la moyenne nationale dans ces départements, notamment la Saône-et-Loire, la Nièvre et le Territoire de Belfort en Bourgogne-Franche-Comté, la Loire-Atlantique et les Côtes-d’Armor en Bretagne, ou encore l’Ardèche en Auvergne-Rhône-Alpes. Les écarts sont particulièrement marqués pour l’ophtalmologie, la dermatologie et en pédiatrie, avec parfois plus de 90 jours de différence entre les départements où les délais sont les plus rapides et ceux où ils sont les plus courts. Ces écarts ont même augmenté pour les dermatologues (+14 jours) et les pédiatres (+9 jours) entre 2021 et 2023. Il est important de noter que ces données ne prennent pas en compte les patients qui n’ont pas trouvé de rendez-vous, un phénomène grandissant et difficile à comptabiliser.

« La téléconsultation trouve toute sa place au sein de l’organisation des cabinets des professionnels de santé et semble particulièrement adaptée pour répondre à des demandes urgentes et rapides.»

— Les cartes de France de l’accès aux soins – soignants et patients face aux inégalités territoriales, rapport réalisé par la Fondation Jean Jaurès et Doctolib

En dédiant certaines plages horaires à la téléconsultation, les professionnels de santé pourraient prendre en charge plus de patients issus des territoires considérés comme « déserts médicaux ». « La téléconsultation trouve toute sa place au sein de l’organisation des cabinets des professionnels de santé et semble particulièrement adaptée pour répondre à des demandes urgentes et rapides.» , souligne le rapport. En permettant aux médecins et aux patients de gagner en temps et en efficacité, la téléconsultation devient également un outil d’aide aux prises en charge d’urgence dans le soin primaire et pour la continuité des soins en psychiatrie. Elle représente aussi un atout pour la télésurveillance et le suivi des patients souffrant de maladies chroniques grâce à un suivi personnalisé à distance. La téléconsultation apparaît ainsi comme l’un des cinq principaux enseignements de l’étude.

Quand l’IA s’invite chez le médecin

Doctolib, start-up mondialement reconnue devenue plus grosse licorne française, développe depuis plus de dix ans des solutions pour le personnel de santé et leurs patients. Elle a annoncé pour son dixième anniversaire toute une série de nouvelles solutions technologiques visant à améliorer l’accès à la santé, à soutenir les soignants en leur libérant un temps médical précieux et in fine à améliorer la qualité des soins. Certaines utiliseraient même l’intelligence artificielle.

« On développe actuellement un assistant médical utilisant des algorithmes d’IA. Il écoute la consultation, détecte les symptômes du patient et propose un diagnostic, toujours en présence du médecin » confie un salarié de Doctolib. Il a assisté à une démonstration et se dit « bluffé » par cette nouvelle fonctionnalité. Un second assistant personnel visant à accompagner le personnel de santé sur la partie administrative devrait également voir le jour courant 2024.

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Crédit Image à la Une : National Cancer Institute