Des journalistes appellent l’IA à la rescousse pour lutter contre les fake news générées par… l’IA

Des journalistes appellent l’IA à la rescousse pour lutter contre les fake news générées par… l’IA

Le 4 juillet dernier, s’est tenue la 3ème édition des Assises lyonnaises de l’éducation aux médias et à l’information (EMI).  Les professionnels se sont notamment penchés sur l’impact de l’IA sur le journalisme, en particulier pour lutter contre les fausses informations.

C’est au cœur de l’Hôtel de Ville de Lyon que s’est déroulée la 3e édition des assises lyonnaises de l’EMI menée par le club de la presse lyonnaise. Un lieu emblématique de la ville pour accueillir les représentants de la presse locale, mais aussi des enseignants, documentalistes et étudiants, venus nombreux assister aux échanges.  Au programme, deux tables rondes évoquant le rôle de l’EMI dans la formation des citoyens de demain, mais aussi son impact face à l’IA et aux fake news. 

L’IA, un générateur de fake news puissant

Calepin à la main, Richard Schittly, administrateur du club et correspondant du Monde à Lyon, pose une première question devant un public attentif: « Quel est l’impact de l’IA  dans le journalisme?». Une question complexe à laquelle Laurent Mazurier, rédacteur en chef de France 3 Auvergne Rhône Alpes, s’empresse de répondre: « Nous sommes confrontés à l’IA depuis l’évolution de ChatGPT. Elle est puissante pour produire des contenus et de fausses informations ».

Aujourd’hui, les images modifiées sont nombreuses à circuler en ligne, en particulier sur les réseaux sociaux. En 2021, selon l’INSEE, 51% des utilisateurs d’Internet en France déclaraient avoir vu au moins une information qu’ils jugeaient fausse ou peu fiable sur des sites d’informations ou réseaux sociaux.

« Nous sommes confrontés à l’IA depuis l’évolution de ChatGPT. Elle est puissante pour produire des contenus et de fausses informations »

–  Laurent Mazurier, rédacteur en chef de France 3 Auvergne Rhône Alpes

Toutefois, Laurent Mazurier reste optimiste quant à l’impact de ces nombreuses images modifiées: « Les fakes news produites par l’IA sont diffusées sur les réseaux sociaux, et non sur les médias traditionnels. C’est tellement gros que le doute ne subsiste pas trop longtemps. » Pour illustrer son propos, le rédacteur en chef évoque les différentes images d’Emmanuel Macron manifestant dans les rues de Paris, ou vêtu d’un gilet jaune, qui ont pu circuler en ligne. Richard Schittly s’accorde avec ce dernier: « Nous sommes souvent confrontés aux fausses informations, mais en réalité, le public, en particulier les jeunes, est très averti. » 

L’IA pour lutter contre l’IA

Si les journalistes restent positifs quant à l’essor de l’IA et aux fake news, un certain paradoxe se dégage: l’IA permet de lutter contre l’IA. « L’IA est aussi puissante pour débunker les fake news. Nos collaborateurs utilisent des outils de l’IA pour authentifier les images que nous recevons», précise Laurent Mazurier, rédacteur en chef de France 3 Auvergne Rhône Alpes.

Cependant, une complexité demeure, Cédric Molle-Laurençon, directeur pédagogique au CFJ de Lyon, pose une question à ses confrères: « Quand une IA doit débusquer une autre IA, à laquelle doit-on faire confiance? »  Emmanuel Grande, professeur et coordinateur d’une action de recherche liant IA et EMI, considère qu’il faut s’intéresser au contenu de l’IA: « Il faut se demander ce qui alimente cette IA, l’entreprise qui met les informations, c’est à elle que l’on donne sa confiance.» Laurent Mazurier s’accorde avec ces propos et ajoute: « Il faut connaître le producteur de l’IA; ceux qui débusquent ne sont pas les mêmes que ceux qui abusent. » 

« Il faut connaître le producteur de l’IA; ceux qui débusquent ne sont pas les mêmes que ceux qui abusent »

–  Laurent Mazurier, rédacteur en chef de France 3 Auvergne Rhône Alpes

Si l’utilisation de l’IA demeure complexe, les journalistes ne semblent pas la craindre et considèrent qu’elle doit simplement être mieux encadrée. « Il faudrait apprendre l’IA, avoir des cours et commencer par là. Chez France Télé, nous avons une note de deux pages sur son utilisation », précise Laurent Mazurier. A l’instar de France Télé, de nombreux médias ont déjà adopté des chartes d’utilisation de l’IA, tels que Le Monde, Le Figaro ou encore Le Parisien.  Mais les professionnels présents demeurent unanimes, l’IA doit davantage être réglementée, tant au niveau national qu’international.

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Crédit Image à la Une : Justine Magand