Une start-up lyonnaise mise sur l’IA pour connecter les gamers

Une start-up lyonnaise mise sur l’IA pour connecter les gamers

Avis aux amateurs de jeux vidéo : une plateforme Made in Lyon qui permet de trouver des coéquipiers en ligne grâce à l’intelligence artificielle verra bientôt le jour. CScience s’est entretenu avec Jordan Labrosse, co-fondateur de GameVerse, pendant la phase de test de l’application.

GameVerse est une application de matchmaking (mise en relation) qui entend aider les joueurs en ligne à trouver de nouveaux partenaires. Elle propose de faire rencontrer, au sein de sa plateforme, des utilisateurs ayant un niveau similaire et souhaitant partager la même passion d’un ou de plusieurs jeux vidéo. Elle est l’une des seules start-up françaises à proposer ce type de solution en utilisant l’intelligence artificielle.

L’application GameVerse permet aux joueurs de trouver des coéquipiers en ligne. Crédit image : GameVerse

La socialisation par le jeu

À l’origine de GameVerse, une rencontre entre trois jeunes férus de jeux vidéo. Il y a d’abord Ugo Mignon et Jordan Labrosse, deux ingénieurs lyonnais diplômés du CNAM (Conservatoire national des arts et métiers) et du CPE Lyon (École supérieure de chimie, physique, électronique de Lyon), puis Yohann Saviane, de formation commerciale. Constatant que la possibilité de trouver des partenaires pour jouer en ligne n’est pas une mince affaire, les trois jeunes hommes allient leurs compétences et surtout leur passion des jeux-vidéo pour créer GameVerse.

« Notre algorithme de matchmaking étudie ton profil, ton style et tes habitudes de jeu pour te connecter avec des joueurs qui te correspondent », explique Jordan Labrosse. Concrètement, cette solution permet aux gamers (joueurs) d’avoir accès à l’analyse de leurs statistiques ou encore de rechercher des coéquipiers dans le cadre de la création d’une équipe e-sport (sport électronique). Ils peuvent ensuite échanger en ligne avec leurs partenaires sur un espace dédié et ainsi nouer des affinités.

Pour collecter les données des gamers, la start-up doit recevoir l’accord des plateformes de jeux vidéo. Interrogé sur la facilité d’obtenir les autorisations en question, Jordan Labrosse est catégorique : « On sort de nulle part, on est personne ! Il nous a fallu des mois de négociations avec certaines pour trouver une entente ». Actuellement, ils ont obtenu l’accord de Riot Games, éditeur du jeu vidéo League of Legends.

Le Lyon E-Sport est un tournoi annuel de jeux vidéo. Crédit photo : Lyon E-Sport

Côté concurrence, Jordan Labrosse évoque Plink, grand concurrent russe qui concentre beaucoup d’utilisateurs. « Les applications de matchmaking avec un format swipe (balayage latéral de l’écran) sont peu connues en France, ce qui représente un avantage pour nous ».

Là où GameVerse se démarque, c’est justement par son label Made in France. « Les données restent en France car elles sont stockées sur OVHcloud », affirme Jordan Labrosse. Elles sont donc soumises aux normes RGPD (Règlement Général sur la Protection des Données) de l’Union européenne. Il ajoute : « On a une certaine fierté d’être lyonnais. L’e-sport n’est pas très répandu en France, mais on a la chance à Lyon d’avoir le Lyon e-Sport, un tournoi amateur et bénévole dont la popularité grandit d’années en années. »

« Notre algorithme de matchmaking étudie ton profil, ton style et tes habitudes de jeu pour te connecter avec des joueurs qui te correspondent »

— Jordan Labrosse, co-fondateur de GameVerse

« L’IA permet de matcher l’humain parmi les joueurs »

Avec son programme d’intelligence artificielle, la start-up promet les meilleurs matchs possibles. « On utilise l’IA pour mettre en relation les joueurs en ligne », explique Jordan Labrosse. Les systèmes d’intelligence artificielle développés au sein de la start-up vont se connecter aux plateformes de jeux vidéo et récupérer plusieurs données sur les statistiques des joueurs en accord avec les plateformes en questions ou avec les joueurs eux-mêmes.

L’intelligence artificielle est utilisée pour trouver des affinités statistiques entre les joueurs. Crédit image : GameVerse

Le jeune entrepreneur mentionne également la force des collectes de données de l’application : « Après chaque mise en relation, on demande un retour d’expériences aux joueurs ». Ces données alimentent l’intelligence artificielle de GameVerse, qui prend plus de place encore que la partie algorithmique. En ce sens, « L’IA permet de matcher l’humain parmi les joueurs », se félicite-t-il.

La plateforme est développée depuis deux ans, et la première version bêta est sortie en septembre 2023. Pour le moment, une dizaine d’early adopters (adoptants précoces) testent cette version privée, mais ils sont près de 1 500 à suivre GameVerse sur TikTok, et environ un millier sur la liste d’attente pour la première version grand public qui sortira prochainement.

Quant à la parité, Jordan Labrosse confesse qu’il n’y a pas de profils féminins parmi les early-adopters qui testent actuellement l’application. Pourtant, les femmes représentent 47% des gamers réguliers en France, selon une enquête de Statista. En outre, le co-fondateur indique avoir beaucoup de retours de la part de streameuses quant à la toxicité sur les forums et le harcèlement en ligne. Pour pallier ce problème, GameVerse a prévu une équipe de « super-héros de la modération ».

Basé à l’incubateur de start-up Manufactory La Doua à Villeurbanne, GameVerse est aussi incubée à Paris à l’IMT Starter (Institut Mines-Télécom). Elle avait également participé au Startup Program d’OVHcloud. L’équipe de GameVerse devrait bientôt s’élargir pour accueillir plus de développeurs et de designers.

Crédit Image à la Une : GameVerse