Timéo Listello vient de remporter le trophée « Innovez » du magazine Science & Vie Junior pour son invention du Nourrissa-poules. Originaire de Saint-Genis-les-Ollières, près de Lyon, il porte fièrement les couleurs de la région AURA pour cette édition 2024. À cette occasion, et grâce à l’expertise de Jules Tandeau de marsac, délégué régional de la fondation CGénial dédiée à développer l’appétence pour les sciences et les technologies chez les jeunes, CScience fait le point sur les liens entre éducation et innovation dans la région AURA.
« Il vous reste de la nourriture à la fin du repas et vous avez des poules dans le jardin ? Équipez-vous du Nourissa-poules de Timéo », peut-on lire sous la présentation du lauréat du prix « Innovez » 2023 du magazine Science & Vie Junior. À seulement douze ans, ce jeune collégien a créé de toute pièce un robot en Lego pour transporter sans heurt les restes de repas jusqu’au poulailler. Pour ce faire, il utilise un capteur de couleurs et un capteur de distance afin de diriger le robot de la cuisine vers le garde-manger des poules.
Informer et récompenser la jeunesse
Dimanche 3 mars dernier, les 14 candidats du concours « Innovez » du magazine Science & Vie Junior se sont réunis au musée des Arts et Métiers de Paris. Les trophées « Innovez », aux côtés du nouveau prix spécial « Innove pour la planète », récompensent les quatre meilleures inventions de l’année 2023. Et Timéo Listello a obtenu la deuxième place du podium. Grand amateur du magazine Science & Vie Junior et particulièrement de sa rubrique « Innovez », Timéo Listello a eu l’idée du Nourrissa-poules l’hiver dernier. Au total, il a créé trois versions de son invention : « La première était trop lourde, la deuxième trop légère.»
Unique lauréat originaire de la région Auvergne-Rhône-Alpes, Timéo Listello indique être « un peu ‘représentant’ de notre région, à Paris, et [est] très fier d’avoir gagné ce prix. » Quant aux 800 euros remis avec son trophée, il souhaite les dédier à l’achat de matériel pour faire des robots : « J’ai quelques idées, je réfléchis pour le moment. »
Pour mieux comprendre comment la formation favorise l’innovation en AURA, CScience a interrogé Jules Tandeau de marsac, délégué régional de CGénial. Créée en 2006, la fondation promeut les sciences auprès des jeunes et de leurs professeurs pour faire connaître la diversité des métiers scientifiques et techniques des différents territoires français. Jules Tandeau de marsac, qui se définit comme un créateur de lien entre les secteurs scientifiques et l’école, a rejoint l’organisme il y a bientôt deux ans. Il s’occupe des académies de Lyon et de Grenoble, englobant l’ensemble des départements Rhônalpins.
L’une des missions de la fondation consiste à permettre aux élèves des établissements prioritaires d’accéder gratuitement aux informations sur les opportunités inhérentes au secteur industriel, multiples dans la région AURA. « On leur met à disposition un annuaire de professionnels des sciences et de l’industrie pour venir parler aux élèves lors de temps en classes de leurs métiers et de leurs formations », précise Jules Tandeau de marsac.
« On forme les intervenants à ne pas parler uniquement de leur entreprise, mais plutôt à mettre en avant un projet qui donne envie en mentionnant la qualité de vie et la formation disponible sur le territoire pour y accéder ». En indiquant aux élèves par quelle école passer pour accéder au métier présenté, les industriels leur permettent de creuser plus loin, après leur intervention.
« J’étais un peu ‘représentant’ de notre région, à Paris, et je suis très fier d’avoir gagné ce prix. »
— Timéo Listello, lauréat du prix « Innovez » du magazine Sciences & Vie Junior
La richesse de la région AURA, premier bassin industriel de France
« Mon rôle est de faire redécouvrir aux élèves de collèges et lycées le bassin d’emploi scientifique et industriel qui les entoure », explique le délégué régional. Il coordonne les actions de la fondation tout en prenant en considération les spécificités économiques et institutionnelles du territoire. Et à ce titre, la région AURA, plus grand bassin industriel de France, est particulièrement bien lotie. Il y a d’abord la Vallée de la Chimie, à Lyon, réunissant 500 entreprises et 18 grands comptes, mais aussi la métallurgie, représentée par l’Union des Industries et Métiers de la Métallurgie (UIMM), ou encore le nucléaire, avec quatre centrales totalisant 14 réacteurs en AURA. Jules Tandeau de marsac mentionne également les 19 barrages hydroélectriques de la région, près des Alpes, mais aussi le Pôle universitaire d’innovation FITInnovE porté par l’Université Grenoble Alpes, qui vient tout juste d’être lancé.
Le délégué régional nous partage l’ambition qu’a la région en matière de « réindustrialisation, relocalisation, digitalisation et décarbonation de l’industrie », en résonance avec le Plan région des ingénieurs et techniciens 2023-2028, rappelant que 30 % des visites de sites ont lieu dans les zones rurales. « Les jeunes ne partent pas par défaut dans ces métiers des territoires ruraux, c’est donc l’occasion de les mettre en avant. » Sur le territoire d’Auvergne-Rhône-Alpes, plus de 7 000 élèves ont été sensibilisés aux métiers industriels grâce à l’action de la fondation CGénial et à la mobilisation de l’éducation nationale, et 110 000 personnes, dont 75 000 jeunes au niveau national. Parmi les grands partenaires de la fondation CGénial, il cite l’entreprise Biomérieux, qui a organisé 3 visites en novembre dernier, le groupe EDF et ses filiales telles que Dalkia, qui présente régulièrement ses barrages hydroélectriques et ses centrales nucléaires, mais aussi une myriade d’entreprises comme Mersen ou Thimonnier par exemple.
« Mon rôle est de faire redécouvrir aux élèves de collèges et lycées le bassin d’emploi scientifique et industriel qui les entoure »
— Jules Tandeau de marsac, délégué régional de la fondation CGénial
Créer des ponts entre formation et innovation
L’objectif premier de la fondation est donc la facilitation entre l’école et l’entreprise. Selon Jules Tandeau de marsac, il naît d’un double-constat, identifié depuis quinze ans : un problème de recrutement du côté des entreprises et un enjeu d’orientation du côté des enseignants. « La fondation agit également en proposant aux entreprises, petites comme grandes, d’ouvrir leurs portes le temps d’une demi-journée aux enseignants. Ce programme nommé ‘Professeurs en entreprises’ permet des temps d’échange entre les entreprises et les enseignants, principaux prescripteurs d’orientations. » Il cite l’exemple d’Arkema, dans le domaine des matériaux spécialisé, Forez Bennes, fabricant de bennes ‘Made in France’, ou encore le groupe SEB, dans le secteur du petit électroménager. Ce dernier a organisé des visites il y a quelques jours sur son site de production à Rumilly, en Haute-Savoie, en présence de 16 professeurs de collèges et lycées.
« L’idée, c’est de dépoussiérer l’image un peu ‘Germinal’ que peuvent avoir les professeurs quant aux métiers industriels », explique Jules Tandeau de marsac. Selon lui, c’est aussi l’opportunité pour les enseignants d’évoquer et d’échanger autour de leurs difficultés en termes d’orientation. « Aujourd’hui, les élèves cherchent des métiers qui ont du sens, c’est donc aussi l’occasion pour les entreprises de s’adapter aux futurs employés potentiels », ajoute-t-il.
« Aujourd’hui, les élèves cherchent des métiers qui ont du sens, c’est donc aussi l’occasion pour les entreprises de s’adapter aux futurs employés potentiels »
— Jules Tandeau de marsac, délégué régional de la fondation CGénial
Jules Tandeau de marsac mentionne également une solution technologique développée récemment par la fondation pour faciliter la relation école-entreprise. CGénial Connect permet aux acteurs de l’Education nationale d’explorer les métiers des sciences, des techniques et du numérique en entrant en contact direct avec les entreprises de ces secteurs et leurs collaborateurs. La plateforme poursuit en ce sens une démarche de découverte des métiers et d’orientation dont les ultimes bénéficiaires sont les élèves de collège et de lycée, dans la région AURA et partout en France. La fondation organise aussi un concours national CGénial, destiné aux collégiens et aux lycéens, dont le magazine Science & Vie Junior est partenaire. La prochaine édition débute ce jeudi 14 mars et les deux finales académiques de Lyon et Grenoble auront lieu le 3 et 4 avril à Saint-Etienne et Crolles, avant une finale nationale le 15 mai prochain au musée de l’air et de l’espace à Paris – Le Bourget.
Interrogé sur sa volonté de proposer le Nourrissa-poules à la commercialisation, Timéo Listello laisse planer le doute : « Ce ne sera pas sur ce modèle-là, j’ai plusieurs idées de nouveaux robots mais pour le moment, je les garde pour moi…» L’innovation a de l’avenir, donc, en AURA.
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Crédit Image à la Une : Marie Genel