Indice « Air » sur la Tour Incity, un outil au service d’un dispositif technologique complet

Indice « Air » sur la Tour Incity, un outil au service d’un dispositif technologique complet

Ça ne vous aura pas échappé. Depuis quelques jours, le sommet de la Tour Incity s’illumine la nuit avec le sigle « Air », parfois bleu clair, parfois rouge foncé. Il indique quelle sera la qualité de l’air le lendemain dans la Métropole de Lyon selon l’indice ATMO de l’observatoire Atmo Auvergne Rhône-Alpes. Cette information visuelle, observable au-delà de la ville de Lyon, est en réalité un moyen de rediriger vers deux outils numériques gratuits pour se prémunir et passer à l’action face à la pollution de l’air. Explications.

Tous les soirs, la Tour Incity, bâtiment emblématique du paysage lyonnais, se transforme en phare au service de la santé des habitants. Elle diffuse pendant une heure et demie l’indice ATMO, fourni quotidiennement par Atmo Auvergne-Rhône-Alpes. Inauguré il y a peu et voué à rester, ce dispositif s’inscrit dans une grande campagne de sensibilisation pour rendre les Lyonnaises et les Lyonnais acteurs de leur santé.

Marine Latham est directrice générale d’Atmo AURA depuis 2021. Crédit photo : Atmo AURA

« Tout s’est concrétisé à l’occasion de la Convention des Entreprises pour le Climat en 2023, où j’ai rencontré la directrice adjointe de la Caisse d’Epargne [société à laquelle appartient la Tour Incity] » se souvient Marine Latham, directrice générale d’Atmo Auvergne Rhône-Alpes et responsable du projet. Elle a rejoint l’organisme en 2021, mais ce dernier existe depuis 40 ans en tant qu’observatoire agréé par le Ministère de l’Écologie, du Développement Durable et de l’Énergie pour la surveillance et l’information sur la qualité de l’air en Auvergne-Rhône-Alpes. C’est cette association qui informe par exemple la population et les autorités lorsque les seuils de pollution sont franchis.

Ce n’est pas la première fois que l’organisme teste ce type d’outil. Le dispositif existe déjà depuis un an dans la ville de Grenoble, sur le pylône du téléphérique de la Bastille. Si une étude sur son impact est en cours, son usage semble déjà ancré pour les Grenoblois : « Lorsqu’une panne a bloqué le dispositif, notre centre a reçu beaucoup d’appels pour connaître le niveau de pollution de l’air, ce qui montre une forte adhésion » se félicite la directrice de l’observatoire. Un engouement qui a encouragé l’observatoire à dupliquer ce dispositif à Lyon.

La pointe de l’iceberg d’une large campagne de sensibilisation 

Le nouveau couvre-chef de la Tour Incity a été inauguré le mercredi 26 juin dernier, en présence notamment du président de la métropole Bruno Bernard, mais aussi du professeur Sébastien Couraud, médecin en pneumologie et cancérologie des Hospices Civiles de Lyon. « C’était important pour nous d’avoir une gageure scientifique pour attester de l’impact sanitaire de la pollution de l’air dans notre métropole », explique la directrice de l’observatoire.

La Tour Incity indique tous les soirs la qualité de l’air dans la Métropole de Lyon le lendemain. Crédit photo : Laurie Bruno

La première campagne de communication, mise en place cet été avec le numéro un mondial de la communication extérieure JCDecaux, vise à informer les habitants du Grand Lyon de l’existence du dispositif et à lire les informations qui se cachent derrière les gammes de couleurs. Elles oscillent du bleu au magenta, chacune signalant un niveau de qualité de l’air de « bon » à « extrêmement mauvais » attendu le lendemain à Lyon, tous arrondissements confondus. « L’objectif avec cet indice, c’est de rendre visible la qualité de l’air », souligne Marine Latham.

Le second volet de la campagne de communication débutera à la rentrée avec pour objectif d’inciter le public à passer à l’action. « Une fois que je connais l’indice de couleur, qu’est-ce que je peux faire pour agir ? » explique la directrice de l’observatoire. L’idée cette fois est de proposer des actions très concrètes pour agir, avec deux grands axes : la mobilité et l’énergie. Elles seront par exemple ciblées sur les automobilistes pour leur indiquer quand privilégier les transports publics. « L’idée in fine est que les gens puissent modifier leurs comportements, voire même se prémunir de l’impact de la pollution, notamment pour les publics sensibles » souligne Marine Latham.

« L’idée in fine est que les gens puissent modifier leurs comportements, voire même se prémunir de l’impact de la pollution, notamment pour les publics sensibles »

— Marine Latham, directrice générale d’Atmo Auvergne Rhône-Alpes

Une information visuelle au service de deux outils technologiques pour passer à l’action

En réalité, l’indice ATMO est déjà accessible pour chaque commune et chaque arrondissement de Lyon sur le site web de l’observatoire et via l’application mobile Air to Go. Cette dernière concentre toutes les informations utiles et les actions possibles quotidiennement et constitue en ce sens l’outil central du dispositif. Aujourd’hui, à titre d’exemple, l’application montre un smiley jaune mécontent, aux mêmes couleurs que la Tour Incity dans la nuit du lundi au mardi. Il révèle des conditions dégradées, commentées ainsi par les prévisionnistes : « Mardi 9 juillet 2024, les conditions devraient rester estivales et favorables à la formation d’ozone dont les concentrations connaîtront une nouvelle hausse par rapport à la veille. La qualité de l’air devrait être dégradée sur la quasi totalité de la région, elle pourrait être mauvaise dans la vallée du Rhône et dans le bassin lémanique. »

L’application mobile Air to Go indique une qualité de l’air dégradée le mardi 9 juillet. Crédit image : Air to Go

L’application propose également une série de recommandations pour ce mardi 9 juillet, telles que la ventilation de l’air intérieur, ou le fait de privilégier des parcs boisés pour les activités physiques en extérieur. Au total, pas moins de 56 actions concrètes sont mises en avant par le dispositif, réparties en dix catégories allant du jardin à la santé en passant par les déchets et le logement. Les personnes intéressées peuvent s’inscrire aux différentes actions proposées et rejoindre un groupe, dont le nombre de participants est affiché. Elles sont alors redirigées sur Air Attitude, un service proposé par l’observatoire Atmo Auvergne Rhône-Alpes qui recense chaque jour les gains en termes de climat, d’air et d’énergie. Ce mardi 9 juillet, il est possible par exemple de s’inscrire à l’action « Je covoiture » aux côtés de 19 autres participants. Un petit geste qui permettrait d’éviter le rejet de 28,7 tonnes de COau regard du nombre de participants à l’action, selon l’observatoire.

Quid de l’impact carbone du dispositif ? Il reste très faible, puisqu’il représente l’équivalent de la consommation énergétique d’un appartement T2 sur une année. « L’impact carbone existe, mais il est relativement faible par rapport aux enjeux », conclut Marine Latham. Quant au système de LED, il était déjà en place sur la tour emblématique de Lyon et n’a pas engendré de travaux supplémentaires.

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Crédit Image à la Une : Laurie Bruno