IA et substituts végétaux : une solution qui séduit en agriculture durable

IA et substituts végétaux : une solution qui séduit en agriculture durable

La colère des agriculteurs continue de gronder partout en France, dix jours après le début des manifestations. Ils réclament entre autres la baisse des normes restrictives sur leurs terres. Or, 70% des terres agricoles sont dédiées à l’élevage aujourd’hui dans le monde. Autre début de solution face au modèle agricole en faillite, CScience a enquêté sur les substituts végétaux élaborés par l’IA.

L’élevage est le premier utilisateur de ressources terrestres dans le monde. Selon l’Institut national de recherche pour l’agriculture (INRAE), il occupe près de 70% des terres agricoles de la planète. Ces portions servent principalement à nourrir, faire vivre et grandir le bétail. Si la majorité d’entre elles sont non cultivables, il n’en reste pas moins qu’une diminution de l’élevage en France et dans le monde permettrait de tendre vers un modèle agricole plus viable. Et pour réduire l’élevage, il faut diminuer la consommation mondiale de viande.

Bonne nouvelle, le marché des substituts végétaux se porte plutôt bien. Selon les prévisions du Statista Consumer Market Insights, « La taille du marché des substituts de viande devrait atteindre environ 22 milliards d’euros en 2025, soit presque quatre fois plus qu’en 2020, année où ce segment était évalué à un peu moins de 6 milliards ». Quant aux substituts de lait, il devrait lui aussi doubler d’ici deux ans : s’il représentait près de 16 milliards d’euros en 2020, il devrait s’élever à plus de 32 milliards en 2025. Néanmoins, dans un contexte marqué par l’inflation, les prix élevés restent un frein au décollage du marché, encore qualifié de « niche », sauf si l’IA venait, une fois encore, rebattre les cartes…

La taille du marché des substituts de viande devrait atteindre environ 22 milliards d’euros en 2025.

– Statista Consumer Market Insights

L’intelligence artificielle à l’assaut des alternatives végétales

Parmi les géants du marché des substituts végétaux, une longue liste de jeunes entreprises innovantes utilisent déjà les intelligences artificielles.

En première ligne, la start-up californienne Climax Foods repose sur le « Deep Plant Intelligence », IA ssue de l’apprentissage automatique dédié spécifiquement aux plantes. Les quarante scientifiques du laboratoire de la start-up ont combiné un nombre infini de bases de données sur les produits d’origine animale et sur les propriétés des produits d’origine végétales pour en créer une recette digitale « optimale ». Ici, « L’utilisation de l’intelligence artificielle a permis d’éviter des milliers d’années de recherches », selon son fondateur Oliver Zhan.

« L’utilisation de l’intelligence artificielle a permis d’éviter des milliers d’années de recherches. »

– Oliver Zahn, fondateur de Climax Foods

La start-up chilienne NotCo a créé sa propre intelligence artificielle baptisée Giuseppe. Crédit image : NotCo

La start-up chilienne NotCo a créé sa propre intelligence artificielle, et lui a même donné un nom : Giuseppe. L’IA analyse la structure moléculaire d’un aliment d’origine animale et le reproduit en utilisant uniquement des ingrédients d’origine végétale. Grâce à Giuseppe, NotCo a donné naissance à trois produits phares : le NotMilk (pas du lait), NotBurger (pas du steak) et NotChicken (pas du poulet). Et ils incarnent de véritables alternatives pour une agriculture durable.

Le NotMilk, par exemple, utilise 83% moins d’eau et génère 80% moins de CO2 que dans le processus traditionnel de production du produit animalier. Pour le NotBurger, c’est 95% de CO2 en moins… et 0% de maltraitance animale. Pour l’anecdote, la première version de lait végétal proposée par Giuseppe était délicieuse mais… verte. L’IA n’avait pas appris qu’ajouter de l’aneth dans une recette changerait sa couleur.

Et du côté français ?

La France aussi regorge d’innovations dédiées aux alternatives animales. La Vie Foods, start-up française aux célèbres campagnes marketing roses et décalées (« Tout est bon sans l’cochon », pour donner le ton), commercialise du jambon, du bacon et des lardons véganes. Elle s’est même associée à Burger King, qui propose désormais un burger végétarien à sa carte : le Veggie Steackhouse.

Le groupe français Bel a lancé les premiers Babybel véganes en collaboration avec Climax Foods. Crédit image : Climax Foods

Et les groupes de l’agroalimentaire se laissent aussi convaincre par l’intelligence artificielle! Le géant français de l’industrie laitière Bel s’est associé en avril 2023 à Climax Foods, mentionnée plus haut, pour élargir sa gamme Nurishh et développer des alternatives à ses portions de fromages Vache qui rit, Kiri, Boursin et Babybel. Maintenant, il ne reste plus qu’à  convaincre les Français et les Françaises de manger du Babybel végane…

Crédit Image à la Une : Jessica Lewis/Unsplash