Réalité mixte : L’Apple Vision Pro ne fait pas l’unanimité

Réalité mixte : L’Apple Vision Pro ne fait pas l’unanimité

Apple vient de lancer son tout premier casque de réalité mixte, un combiné de technologies de réalités virtuelle et augmentée qui permet d’intégrer des éléments numériques dans le monde réel. Avec 200 000 pré-commandes le jour de son lancement, le vendredi 2 février dernier, mais déjà de nombreux retours en magasin, l’Apple Vision Pro est sujet à controverse. Décryptage.

Les images ne vous auront pas échappées ces dernières semaines. L’entreprise californienne vient de sortir le casque de réalité mixte Apple Vision Pro, annoncé en juin 2023. Disponible à la vente aux États-Unis uniquement, pour la somme de 3 499 dollars, ce nouvel outil numérique est révolutionnaire pour certains, et décevant pour d’autres.

« L’Apple Vision Pro inaugure l’ère spatiale informatique »

« Tout comme le Mac nous a fait découvrir l’informatique personnelle et l’iPhone l’informatique mobile, Apple Vision Pro nous fait découvrir l’informatique spatiale », déclarait Tim Cook il y a quelques mois. C’était la première fois que le directeur général d’Apple inaugure un nouveau produit, douze ans après avoir pris la relève de Steve Jobs.

Dans un communiqué de presse en date du 3 juin 2023, Apple annonce son tout premier casque de réalité mixte, à mi-chemin entre réalité virtuelle et réalité augmentée. Cet outil, destiné à aller plus loin qu’un écran d’ordinateur classique,  introduit une interface en trois dimensions, contrôlée par trois moyens d’interaction : les yeux, les mains et la voix.

Avec 23 millions de pixels répartis sur deux écrans, le Vision Pro permet aux utilisateurs d’interagir avec les contenus numériques comme s’ils étaient réellement présents dans leur espace. Il est possible par exemple de réaliser des visioconférences en ayant l’impression que l’interlocuteur se trouve dans la même pièce, ou d’écrire un article sur Word dans un décor lunaire – au sens propre. En ce sens, « l’Apple Vision Pro inaugure l’ère spatiale informatique », selon la marque à la pomme.

« Tout comme le Mac nous a fait découvrir l’informatique personnelle et l’iPhone l’informatique mobile, Apple Vision Pro nous fait découvrir l’informatique spatiale. »

— Tim Cook, PDG d’Apple

Un casque qui ne fait pas l’unanimité

Si des dizaines de milliers d’early-adopters (adoptants précoces) se sont empressés d’acquérir le casque de réalité mixte, beaucoup le retournent en magasin dans les 14 jours après l’achat afin d’obtenir un remboursement. Trois raisons majeures sont régulièrement évoquées.

Le défaut principal rapporté par les utilisateurs est le poids du casque. À 325 grammes, beaucoup le jugent lourd, encombrant et inconfortable. Il provoquerait même des maux de tête et de la fatigue oculaire chez certains. En ce sens, l’usage quotidien imaginé par Apple, en remplacement d’un écran d’ordinateur classique, devient plus difficile.

Le poids de l’Apple Vision Pro (325 grammes) est jugé trop lourd par certains utilisateurs. Crédit photo : Semeon Hrozian, Unsplash

Si le géant du divertissement Disney a déjà intégré l’appareil et mis à disposition des utilisateurs plus de 150 films en 3D, l’Apple Vision Pro n’inclut pas (encore) les applications les plus connues du marché, telles que Netflix ou YouTube. Pour certains, ce manque de contenu ne justifie pas le prix.

Dernier point, le casque donnerait l’impression d’être trop isolé des personnes qui se trouvent dans la même pièce au moment de l’utilisation. L’Apple Vision Pro confinerait son utilisateur dans un espace réduit en couvrant la moitié de son visage, loin d’un moment convivial en famille devant un seul et même écran.

L’entreprise de Cupertino ne s’est pas encore exprimée sur ces nombreux retours, mais semble s’intéresser aux justifications des clients, interrogés systématiquement par les employés. Par ailleurs, tout comme l’iPod, l’iPhone et l’iPad n’étaient pas aboutis au moment de leur lancement, le casque Vision Pro aura des versions améliorées. Même si dans le cas de cet outil, l’attente risque d’être un peu plus longue… Selon Mark Gurman, journaliste à Bloomberg, la deuxième version du Vision Pro ne sortirait pas sur le marché avant 18 mois.

Une ambiance dystopique

Le casque Apple Vision Pro est destiné à un usage immobile. Crédit image : Igor Omilaev, Unsplash

Depuis sa commercialisation, le 2 février dernier, l’Apple Vision Pro a enflammé les réseaux sociaux. Une multitude de vidéos montrant des personnes avec un casque de réalité virtuelle prenant le métro, marchant dans la rue ou conduisant une voiture ont circulé en ligne, laissant entrevoir des scènes apocalyptiques. Ces publications, mensongères pour certaines, ne correspondent pas à l’utilisation prévue par Apple, qui rappelle d’ailleurs sur son site que porter le casque en mouvement peut-être dangereux.

Dans un article pour Vanity Fair, le journaliste américain spécialiste de la tech Nick Bilton revient sur sa rencontre avec Tim Cook et son premier essai de l’Apple Vision Pro. Il a déjà testé, dès leur sortie, de nombreux casques – Oculus Rift racheté par Facebook en 2014, Vive de HTC, Quest de Meta – et avait ressenti une forme d’angoisse.

Mais lorsqu’il porte l’Apple Vision Pro, le journaliste est bluffé. Il apprécie particulièrement la fonctionnalité du casque qui permet de plonger dans un univers virtuel tout en continuant de voir le monde réel autour de soi. Néanmoins, quelques heures après l’avoir reposé, un doute existentiel surgit. « En allumant mon ordinateur portable, un modèle relativement récent, j’ai l’impression d’avoir déterré une relique dans les décombres d’une centrale électrique de l’ère soviétique », explique Nick Bilton.

D’autres utilisateurs le rapportent, les outils technologiques du quotidien – téléphone, ordinateur, télévision – semblent fades après avoir testé l’Apple Vision Pro. « Cette nouvelle technologie finira-t-elle par s’imposer comme une nécessité ? », se demande le journaliste, craignant un monde dans lequel les humains ne tolérerons la réalité que si elle est augmentée… L’avenir nous le dira.

« En allumant mon ordinateur portable, un modèle relativement récent, j’ai l’impression d’avoir déterré une relique dans les décombres d’une centrale électrique de l’ère soviétique »

— Nick Bilton, journaliste à Bloomberg

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Crédit Image à la Une : Roméo A.|Unsplash