Architect@Work Lyon : La sobriété énergétique au coeur des préoccupations des architectes

Architect@Work Lyon : La sobriété énergétique au coeur des préoccupations des architectes

Mercredi 5 et jeudi 6 juin, la Halle Tony Garnier de Lyon a accueilli la 7è édition d’Architect@Work, un événement au format atypique à destination des architectes. CScience s’est immergé dans l’ambiance calfeutrée du salon pour découvrir les 400 produits de l’architecture de demain, qui vont pour beaucoup dans le sens d’une sobriété énergétique assumée.

Après Londres, Berlin, Milan et Barcelone, Architect@Work a déployé sa scénographie haut de gamme à Lyon pour une septième édition sur deux journées. Pas moins de 176 professionnels sont venus présenter leurs dernières innovations sur le thème cette année du « Bon sens et de l’architecture », portant ainsi naturellement le choix des produits exposés en faveur des matériaux renouvelables.

Une scénographie sobre à l’image de l’architecture de demain

L’événement Architect@Work Lyon propose une ambiance calfeutrée unique propice à la créativité. Crédit photo : Laurie Bruno

« Au-delà de la mise en lumière des industriels, nous avons un programme autour d’une nouvelle thématique chaque année, avec des interventions d’experts, des temps d’échanges, des galeries d’art et des expositions, afin de garantir une expérience unique à nos visiteurs », souligne Frédérique Leroy, cheffe de projet de l’événement.

Six conférences avec interventions de spécialistes de renom tels que l’architecte et poète Yves Perret et la déléguée générale du Cluster Eco-Bâtiment Auvergne-Rhône-Alpes, ainsi que plusieurs touches artistiques – dont la remarquable exposition « Regard sur dix ans d’architecture » du photographe Gilles Alonso et les sculptures en marbre mêlant figures antiques et nouvelles technologies de l’artiste contemporain Léo Caillard – ont également participé au caractère inédit de ces deux journées.

« Chaque exposant dispose de la même surface de présentation, peu importe la taille de sa structure » explique l’organisatrice de l’événement. Loin du salon traditionnel avec ses néons éblouissants, ses couloirs bondés et son brouhaha constant, le calme règne entre les galeries d’Architect@Work. Les 176 professionnels finement sélectionnés disposent chacun d’un espace en forme de triangle séparé par des grands rideaux noirs, créant une ambiance feutrée unique.

Marier le bon sens et l’innovation

L’exposition du photographe Gilles Alonso plonge les visiteurs dans l’art architectural dès l’entrée du salon. Crédit photo : Laurie Bruno

« Les produits présents sur le salon font l’objet d’une sélection rigoureuse par un comité professionnel » souligne Frédérique Leroy, et ils doivent répondre à une logique de « bon sens ». Il en va de même côté public, où seulement quelques milliers de visiteurs – architectes, urbanistes, designers – reçus sur invitation parcourent les allées de la Halle Tony Garnier pour s’inspirer des dernières innovations dans leurs métiers. « Ouvert uniquement sur invitation, on garantit à nos exposants un public ciblé » affirme Frédérique Leroy.

« Architect Meets Innovations » – l’architecte rencontre l’innovation – promet l’invitation. Ici, l’innovation de « bon sens » réside soit dans un nouveau produit, soit dans une amélioration d’un produit existant présentant un intérêt novateur. Et elle est européenne : les deux tiers des exposants sont Français, mais ils viennent aussi de Suisse, d’Italie, ou encore d’Espagne.

Interrogée sur la nouveauté marquante qui fait sens tous secteurs confondus de cette édition 2024, Frédérique Leroy mentionne Olumee. La jeune pousse française du même nom a inventé des luminaires qui reproduisent avec une haute fidélité la lumière extérieure en temps réel grâce à des capteurs. Cette « lumière vivante », technologie mise au point grâce à l’observation de 54 millions de photographie du ciel, reflète parfaitement la luminosité du soleil en fonction de l’heure la journée.

Wotoday propose une technologie d’osmose inverse pour filtrer l’eau. Crédit photo : Laurie Bruno

Parmi les grands stands de matériaux, une innovation plus discrète dans l’architecture d’intérieur se démarque. Un produit de bon sens, car il nous compose à 66 %. C’est Wotoday, une technologie inspirée de la NASA qui filtre l’eau des professionnels et des particuliers grâce à une membrane d’osmose inverse. « Fini les métaux lourds, les pesticides et les perturbateurs endocriniens… On arrive à une eau de la même qualité qu’une eau minérale bue à la source » indique Céline Bon, représentante commerciale de la start-up suisse.

Ce boîtier compact, qui se connecte à une application mobile dédiée, permet de connaître en temps réel la qualité de l’eau et le taux d’usure des filtres. Avec plusieurs dizaines de prises de contact, la technologie semble avoir conquis les visiteurs dès le premier jour, indique Céline Bon, qui souhaite développer le marché français. À noter qu’il faudra tout de même débourser près de 1 500 euros pour pouvoir boire de la Mont Roucous à volonté chez soi.

Une exposition dédiée à la sobriété énergétique

Impossible de la louper : La partie centrale du salon est dédiée à Sobriexpo, une exposition présentée par l’incubateur Innovathèque sur les enjeux de sobriété environnementale dans l’architecture. Elle aborde quatre axes : protéger notre environnement et la biodiversité, réduire notre consommation et notre production de déchets, renouveler en utilisant des ressources qui se régénèrent, et réutiliser ce que l’on a déjà produit.

L’entreprise Alegina a créé le pavé Vivaway à base de coquilles d’huîtres. Crédit photo : Laurie Bruno

Parmi les 40 produits exposés, trois se distinguent. Il y a d’abord un système de tuiles récupérateur d’eau, imaginé par la start-up Cactile, pour accélérer l’adaptation des villes au changement climatique. Utilisables sur les toits et les façades des bâtiments neufs ou existants, ces petits réservoirs métalliques peuvent stocker jusqu’à 40 litres par mètre carré : un outil innovant au service de la collectivité.

Sous nos pieds cette fois, l’entreprise Alegina a mis au point le pavé Vivaway à base de coquilles d’huîtres, adapté notamment à la circulation des personnes à mobilité réduite. Cette solution écologique et inclusive permet de revaloriser une partie des 190 000 tonnes d’huîtres produites chaque année sur les sites ostréicoles français.

Questionnée sur son produit favori, l’une des responsables de l’exposition choisit Eweave, un textile détecteur de fuite d’eau commercialisé depuis seulement deux ans. Concrètement, les rubans sont connectés à un boîtier électronique de traitement de signal qui se déclenche à distance dès les premières gouttes d’eau. Une solution développée non loin d’ici par l’entreprise de Haute-Loire Satab.

Autant d’innovations qui répondent aux enjeux de transition écologique de notre époque qui, on l’espère, inspireront les architectes de demain. Et pour ceux qui l’auraient manquée, la tournée française du salon ne s’arrête pas à Lyon. Elle passe aussi par Nantes, Bordeaux, Marseille et Paris bien sûr, qui accueillera la prochaine édition les 23 et 24 octobre prochains.

Pour aller plus loin :

L’intelligence artificielle au service des architectes

Crédit Image à la Une : Laurie Bruno