Aujourd’hui, la qualité de l’air dans les métros reste un enjeu majeur de pollution, mais aussi de santé. Entre irritation des voies respiratoires, asthme ou autres infections, elle peut être à l’origine de nombreux problèmes. Pour rendre l’air du métro lyonnais le plus sain possible, un nouveau dispositif technologique a été mis en place à la station Saxe Gambetta.
Vous l’avez peut-être déjà aperçue, cette haute machine de deux mètres, à l’apparence d’un grand aspirateur, attire l’œil à la sortie du métro lyonnais. Mais, il ne s’agit pas d’un simple élément de décoration, son objectif est clair: assainir l’air ambiant en capturant les particules fines, un enjeu primordial aujourd’hui.
En effet, selon une étude menée par la Fondation du Souffle, 43% des Français déclarent être quotidiennement exposés à des polluants. Une pollution plus conséquente en particulier dans les bouches de métro, là où peu d’air naturel circule et les particules fines ont tendance à s’accumuler en raison du freinage ou encore de l’affluence humaine. Pour faire face à ce problème, un nouveau dispositif technologique a été déployé à la station Saxe Gambetta, l’une des plus polluées de la ville.
Un procédé naturel de ionisation
Para-PM, c’est le nom donné à ce nouvel outil. S’il n’est pas le premier à faire son entrée à la station Saxe Gambetta, c’est le premier à utiliser un procédé naturel de ionisation. « Il s’agit d’un extracteur d’air, d’un gros ventilateur électrique qui va brasser de l’air, à la différence de tous les filtres mécaniques qu’on peut trouver, qui sont souvent en papier ou en acier », explique Cyril Niquet, manager technique chez Aérophile.
Les particules vont ainsi être aspirées vers un ionisateur. « Il charge les particules fines et les collecte sur des plaques », précise Cyril Niquet. Une fois ionisées, ces dernières seront déviées par un champ électrique afin d’être capturées, l’air qui ressort sera ainsi purifié.
« 95 % des particules sont traitées, aussi bien les petites que les grosses »
– Cyril Niquet, manager technique chez Aérophile
Ce procédé naturel va permettre de retenir l’ensemble des particules fines présentes dans la bouche de métro. « 95 % des particules sont traitées, aussi bien les petites que les grosses », ajoute Cyril Niquet. Une solution prometteuse pour l’environnement qui permet de ne pas retenir seulement les particules PM10, mais aussi les PM2,5. Ces dernières encore plus fines que les PM10 sont généralement produites par l’usure des freins, des roues et des rails.
Moins de consommation énergétique et moins de déchets
Mais l’avantage de la ionisation ne réside pas seulement dans son caractère naturel, elle a la particularité de ne pas nécessiter de changement de filtre, un avantage économique et pratique. «On a une grande surface de plaque, elles se salissent, mais pour les nettoyer, un simple bain devrait suffire. Il n’y a pas de déchets, on ne jette pas de filtre, on collecte et on nettoie », explique Cyril Niquet, manager technique chez Aérophile.
« On a une grande surface de plaque, elles se salissent, mais pour les nettoyer, un simple bain devrait suffire. Il n’y a pas de déchets, on ne jette pas de filtre, on collecte et on nettoie »
– Cyril Niquet, manager technique chez Aérophile
Très peu d’énergie est également consommée, par rapport à un purificateur à filtration, ce qui permet au dispositif de fonctionner sur de longues périodes. « À peu près 200 watts sont consommés par appareil, c’est moins qu’un très bon frigo. Nous avons déjà fait des essais dans des endroits comme une usine de métallurgie, et l’appareil n’a pas été nettoyé pendant plus de six mois», ajoute Cyril Niquet.
Des données qui ne dépendent pas d’un seul dispositif
L’expérimentation du dispositif Para-PM devrait durer 4 à 6 mois. En fonction des résultats, SYTRAL Mobilités pourrait pérenniser le système sur d’autres stations. Pour vérifier l’impact de ce dernier, un partenariat a été fait avec la station Atmo, qui mesure en temps réel les émissions de particules fines. « Notre objectif est de faire des mesures de qualité d’air plus régulières. Saxe Gambetta est la plus grosse station en termes de trafic et présente des niveaux plus importants », explique Raphaël Desfontaines, correspondant territorial pour Atmo.
Cependant, pour le moment, ce dispositif n’a pas été la seule mesure mise en place, c’est pourquoi son efficacité reste encore difficile à évaluer. « On a vu une baisse de concentration de polluants depuis qu’on fait des mesures. Il y a eu plusieurs actions, comme le nettoyage des stations, le changement de matériel, notamment de la ligne B, qui ont joué », précise Raphaël Desfontaines.
« On a vu une baisse de concentration de polluants depuis qu’on fait des mesures. Il y a eu plusieurs actions, comme le nettoyage des stations, le changement de matériel, notamment de la ligne B, qui ont joué »
– Raphaël Desfontaines, correspondant territorial pour Atmo
Des changements importants qui peuvent également impacter la réduction de particules. Le freinage électrique, par exemple, qui n’émet pas de particules, a été privilégié lors du renouvellement des rames. L’efficacité réelle du dispositif sera donc évaluée dans les mois à venir. « Pour le moment, on ne peut pas dire que le nouveau dispositif a montré une efficacité particulière. Ce n’est pas forcément que ce dernier qui va jouer », précise Raphaël Desfontaines. Pour rappel, il est possible de consulter ces données en temps réel sur le site TCL et Atmo.
Pour aller plus loin:
Indice « Air » sur la Tour Incity, un outil au service d’un dispositif technologique complet
Crédit Image à la Une : Justine Magand