Il y a quelques jours, deux entreprises auvergnates ont annoncé la mise en place d’un partenariat visant à créer un concept de languette de sécurité des bouteilles en verre compostable à domicile. Un projet basé sur une technologie complexe permettant de réduire l’impact environnemental des emballages de bouteilles.
L’arrivée du mois d’octobre marque le pic des vendanges dans notre région. Pourtant si le vin est une source de plaisir gustatif pour beaucoup, pour l’environnement son empreinte carbone reste conséquente. En effet, une bouteille pleine, avec son bouchon et sa capsule, représenterait à elle seule 40% de l’empreinte carbone selon agrovin. Si à première vue la bouteille en verre reste la plus polluante, un autre facteur moins visible y contribue également: le témoin d’effraction autrement appelé languette de sécurité. Cet élément, garant de l’inviolabilité de la bouteille, est également coûteux sur le plan écologique et ne peut être recyclé que sous certaines conditions spécifiques. Carbios, spécialiste des technologies biologiques de recyclage des plastiques, et Sleever, acteur de l’étiquette-sleeve thermorétractable, se sont associés pour développer un témoin d’effraction biodégradable pour les particuliers.
Un emballage sécurisé mais polluant
« Une petite languette qui prend le bouchon et qui sert au contrôle de qualité et de sécurité pour dire que la bouteille n’a pas été ouverte.» C’est avec ces mots qu’Alain Marty, directeur scientifique chez Carbios, décrit le rôle d’un témoin d’effraction.
En effet, cette petite étiquette passe souvent inaperçue sur les bouteilles, pourtant sa fonction d’inviolabilité est essentielle pour assurer la sécurité de l’emballage des produits en verre, souvent associés à des coiffes en bois. Si l’utilité de ce témoin d’effraction est indéniable, il reste aujourd’hui très consommateur de ressources, puisqu’en raison de sa petite taille, il ne rentre pas dans les systèmes de tri et de recyclage des emballages.
Une technologie enzymatique innovante
Pour accélérer la biodégradation du témoin d’effraction, la technologie Carbios Active a été utilisée. Il s’agit d’une enzyme développée pour accélérer la dégradation du PLA (acide polyactique), un bioplastique généralement utilisé dans les emballages à courte durée de vie, comme les sachets de thé ou les capsules de café. « Le PLA a des vertus, il est biosourcé et fait à partir d’acide lactique produit à base de fermentation. Il est biodégradable en compost industriel, mais nécessite des températures élevées », explique Alain Marty, directeur scientifique chez Carbios.
« Le PLA a des vertus, il est biosourcé et fait à partir d’acide lactique produit à base de fermentation. Il est biodégradable en compost industriel, mais nécessite des températures élevées»
– Alain Marty, directeur scientifique chez Carbios
Grâce à l’inclusion de Carbios Active dans le matériau, la languette de sécurité se désintègre complètement dans des conditions de compostage à température ambiante. « C’est le seul procédé permettant de biodégrader le PLA, peu importe la température. Même les composteurs industriels apprécient cette technologie pour la dégradation à 60 degrés », ajoute Alain Marty.
Une biodégradation en faveur de l’environnement
Pour s’assurer que le contenu de chaque bouteille reste inchangé et parfaitement sécurisé, il existe de nombreux témoins d’effraction. Mais les fabricants sont nombreux à miser davantage sur l’adaptation du produit plutôt que sa dégradation. Si cette dernière est possible en milieu industriel elle reste complexe et n’est possible que sous le respect de certaines températures. La technologie enzymatique permet la biodégradation de l’emballage dans la nature quelle que soient les conditions du sol. Non seulement elle se biodégrade, mais cette dégradation est également rapide, puisque l’emballage se désintègre totalement en moins de six mois pour un compost de qualité et sans toxicité selon les concepteurs. « Le PLA est vu comme un déchet naturel, l’acide lactique est une source de nourriture intéressante pour les micro-organismes qui se développent dessus », précise Alain Marty, directeur scientifique chez Carbios.
« Le PLA est vu comme un déchet naturel, l’acide lactique est une source de nourriture intéressante pour les micro-organismes qui se développent dessus »
– Alain Marty, directeur scientifique chez Carbios
Cette technologie va également permettre la création de films de paillage en agriculture, qui se développeront tous seuls sans besoin de récupérer le plastique, peu importe le lieu. Des avantages conséquents, aussi bien pour l’environnement que pour l’agriculture. Une languette biodégradable réduit ainsi l’empreinte carbone jusqu’à 70 % par rapport aux capsules thermorétractables classiques.
Aujourd’hui, cette technologie est testée sur des grands noms de l’industrie et une ligne de production est déjà opérationnelle au siège de Carbios à Clermont Ferrand, avec une capacité de production de 2 500 tonnes par an de CARBIOS Active.
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Crédit Image à la Une : carbios