[Série été | CinéTech’] Quand l’évolution sonore transforme l’immersion au cinéma

[Série été | CinéTech’] Quand l’évolution sonore transforme l’immersion au cinéma

Aujourd’hui, la technologie est devenue indispensable dans le paysage cinématographique. Elle permet de plonger le spectateur dans des mondes imaginaires, de créer des paysages, de donner vie à des personnages, ou tout simplement de mettre en scène ce qui ne peut être filmé par une simple caméra. Bien que ces effets soient désormais réalisés numériquement, cela n’a pas toujours été le cas. Cette technologie est le fruit d’une révolution progressive, étendue sur plusieurs années, offrant une immersion de plus en plus complète au spectateur.

Au cinéma, le son a pendant longtemps évolué. Alors que les premiers films font leur apparition à la fin du XIXème siècle, le cinéma parlant se généralise seulement au tournant des années 1930. Mais son évolution est loin d’être terminée. Entre l’apparition du son synchronisé, du son monophonique et l’avènement du numérique, son parcours a été riche en rebondissements. Aujourd’hui encore, avec l’essor des nouvelles technologies, il ne cesse de se réinventer, offrant aux spectateurs une immersion toujours plus totale.

L’apparition du son : une révélation pour de nombreux spectateurs

Si le cinéma parlant ne s’est généralisé qu’à partir des années 1930, il était rare que les salles de projection restent totalement silencieuses. Pour permettre aux spectateurs de mieux comprendre le déroulé de l’histoire, en plus des intertitres proposés, un présentateur ou conférencier pouvait être présent dans la salle.

À partir de 1906, les premiers essais sonores apparaissent. Le producteur Léon Gaumont présente le chronophone, qui synchronise film et disque : « L’enregistrement du son se fait sur un gramophone, avec un système électrique pour automatiser le gramophone et le projecteur. Il y avait également un système à air comprimé pour que le son soit plus puissant », ajoute Martin Barnier, professeur en études cinématographiques et auteur d’Une Brève histoire du cinéma . Cependant, à cette période, les courts-métrages sonores ne se développent pas. Les musiciens qui jouent la bande-son des films sont la norme. Des salles sont même adaptées pour les accueillir, on parle de «salles atmosphériques ».

« L’enregistrement du son se fait  sur un gramophone, avec un système électrique pour automatiser le gramophone et le projecteur. Il y avait également un système à air comprimé pour que le son soit plus puissant. » 

– Martin Barnier, professeur en études cinématographiques et auteur d’Une Brève histoire du cinéma

Ce n’est qu’après la Première Guerre mondiale que les choses commencent à se bousculer peu à peu. Différents systèmes entrent en concurrence. Lee De Forest propose les premiers courts métrages sonores, mais il ne parvient pas à intéresser les grandes compagnies. La situation change en 1926 : « Les frères Warner exploitent le procédé du Vitaphone pour synchroniser la musique et le bruitage avec le film Don Juan », explique Martin Barnier. Un long-métrage avec musiques et bruitages apparaît comme le premier film sonore. Il sera suivi par Le Chanteur de Jazz en 1927, mais aussi Les lumières de New-York en 1928, considéré comme le premier film 100% parlant.

Les années 1970 : l’arrivée de la stéréophonie

La technologie sonore continue de s’améliorer dans les années 1940. La stéréophonie fait notamment son apparition et rend le cinéma d’autant plus immersif. Deux canaux audio distincts sont utilisés pour créer une séparation entre les différents sons, donnant l’impression qu’ils proviennent de directions différentes. Généralement, les sons sont positionnés à gauche et à droite de la salle, ce qui stimule une expérience sonore en 3D et donne davantage de clarté et de réalisme : « Fantasia est le premier film en stéréo, mais en 1940, très peu de salles sont équipées. La généralisation s’est faite tardivement, après les années 70 et l’apparition de Star Wars », ajoute Martin Barnier.

 « Fantasia est le premier film en stéréo, mais en 1940, très peu de salles sont équipées. La généralisation s’est faite tardivement, après les années 70 et l’apparition de Star Wars

– Martin Barnier, professeur en études cinématographiques et auteur d’Une Brève histoire du cinéma

Les années 1990 à nos jours : une immersion presque totale

Aujourd’hui, les bandes sonores sont enregistrées et mixées numériquement, offrant une meilleure qualité sonore et une expérience beaucoup plus immersive. Depuis les années 1990, les pistes sonores sont devenues plus nombreuses dans les films. Les salles de cinéma sont équipées en 5.1 : « Deux pistes sont à l’avant de la salle sur les côtés, une piste est au milieu de l’écran et deux autres sont à l’arrière de la salle », explique Martin Barnier. Le « .1 » correspond au « Subwoofer ». « Il s’agit du haut parleur qui diffuse des sons très graves, comme des explosions qui font vibrer la salle et le corps », ajoute le spécialiste. 

« Deux pistes sont à l’avant de la salle sur les côtés, une piste est au milieu de l’écran et deux autres sont à l’arrière de la salle. »

– Martin Barnier, professeur en études cinématographiques et auteur d’Une Brève histoire du cinéma

En 2012, la société Dolby installe pour la première fois son système Atmos, et offre une expérience multidimensionnelle, avec des effets sonores qui se déplacent dans l’espace, captivant ainsi le spectateur avec ce qui se passe à l’écran. « Les multi-canaux permettent de créer des effets sonores variés. De nombreux haut-parleurs diffusent une piste son dans un endroit et donnent l’impression que le son se propage dans toute la salle », précise Martin Barnier. Premier film marquant cette utilisation, le film Rebelle, avec un son numérique spatialisé en 3D. Jusqu’à 64 enceintes pouvaient être utilisées dans les salles équipées de ce système.

De nos jours, le cinéma muet apparaît comme un lointain souvenir.  Les technologies sonores se multiplient au point de créer une enveloppe sonore tridimensionnelle. Le son est désormais diffusé, non seulement sur les côtés de la salle, mais aussi en hauteur. Ces avancées intensifient la réalité virtuelle des films pour plonger intégralement le spectateur dans un univers cinématographique.

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Crédit Image à la Une : pexels