Aujourd’hui, la technologie est devenue indispensable dans le paysage cinématographique. Elle permet de plonger le spectateur dans des mondes imaginaires, de créer des paysages, de donner vie à des personnages, ou tout simplement de mettre en scène ce qui ne peut être filmé par une simple caméra. Bien que ces effets soient désormais réalisés numériquement, cela n’a pas toujours été le cas. Cette technologie est le fruit d’une révolution progressive de la captation vidéo sur plusieurs années, transformant la production de nombreux courts et longs métrages.
Des premières caméras à manivelle, en passant par l’adaptation numérique jusqu’aux technologies immersives, la captation vidéo n’a cessé de s’adapter et d’évoluer. L’intégration de ces nouvelles technologies a révolutionné la production cinématographique obligeant les professionnels du cinéma à s’adapter, notamment en termes de formation et d’investissements financiers.
Les manivelles à enclenchement mécanique, le début d’une nouvelle ère
L’évolution de la caméra a longtemps été liée aux innovations photographiques. En effet, l’image filmée n’est rien d’autre qu’une succession de photos donnant une impression de mouvement. En 1882, Étienne-Jules Marey cherche à capturer le déplacement des oiseaux. Pour ce faire, il transforme son fusil de chasse en fusil photographique : « Une plaque de verre rotative est utilisée pour faire des photos en série. Marey perfectionne son procédé avec la chronophotographie et met au point la première caméra à l’aide d’un film à base de papier chimique», précise Jean-Claude Martin, président et fondateur du Musée du cinéma et de la photographie.
« Une plaque de verre rotative est utilisée pour faire des photos en série. Marey perfectionne son procédé avec la chronophotographie et met au point la première caméra à l’aide d’un film à base de papier chimique »
– Jean-Claude Martin, président et fondateur du Musée du cinéma et de la photographie
Cependant, le Kinétoscope présente l’inconvénient de produire des images floues. « En tournant la manivelle, la pellicule se déplaçait pendant la prise de vue. Il fallait immobiliser cette pellicule pour que les photos soient nettes», ajoute Jean-Claude Martin.
À la suite d’une démonstration du Kinétoscope, les frères Lumière fabriquent en 1895 le Cinématographe. « Inspiré d’une machine à coudre avec trois vitesses sur la même bande, le Cinématographe rend les photos nettes. L’appareil servait à la fois pour prendre l’image pour obtenir le positif du film par décalque et ensuite comme projecteur accouplé à une lanterne magique. Ces 3 fonctions seront assez rapidement isolées par 3 machines différentes plus adaptées aux différentes tâches», précise Jean-Claude Martin. Le 28 décembre 1895, les spectateurs découvrent plusieurs films, dont l’un marquera les esprits : L’Arroseur arrosé.
L’apparition du son, vers la motorisation des caméras
C’est en 1925 que la première caméra à moteur électrique voit le jour, et devient une nécessité avec l’apparition du cinéma parlant. Un nouveau défi se pose alors pour les réalisateurs : synchroniser le rythme de l’enregistrement des images avec celui du son. « Au départ, on tournait la manivelle à seize images par seconde. Avec l’apparition du son, le rythme est passé à vingt-quatre images par seconde, ce qui permettait d’avoir une pellicule plus longue et donc une meilleure qualité sonore », explique Jean-Claude Martin, président et fondateur du Musée du cinéma et de la photographie.
Au début des années 1930, un nouveau procédé fait son apparition et bouleverse également l’industrie cinématographique : la couleur. « George Eastman met au point la pellicule couleur avec des filtres. Trois projecteurs de couleur vert, rouge et bleue se mélangeaient à l’écran pour reproduire toutes les couleurs », précise Jean-Claude Martin. Le premier film à utiliser la Technicolor trichrome est le film d’animation Des arbres et des fleurs en 1932. Par la suite, la captation vidéo devient de plus en plus accessible au grand public, notamment avec l’apparition du magnétoscope. « Alexander Poniatoff, fondateur d’Ampex, fabrique le premier magnétoscope en 1961. Il développe le premier enregistreur vidéo à bande magnétique, permettant de mettre les signaux de la télévision sur un magnétophone », ajoute Jean-Claude Martin.
Les années 1990 à nos jours, le boom des caméras digitales
Dans les années 1980, les caméras deviennent accessibles à tous, aussi bien aux particuliers qu’aux professionnels, grâce à l’apparition du caméscope. Mais, c’est une dizaine d’années plus tard qu’elles se démocratisent véritablement avec l’arrivée des caméras digitales et du numérique. Les longs métrages peuvent désormais être distribués sur support physique, par satellite ou via les réseaux de télécommunication. « Le numérique va permettre de copier de nombreuses vidéos sans perte de qualité, contrairement au VHS » , explique Jean-Claude Martin.
« Le numérique va permettre de copier de nombreuses vidéos sans perte de qualité, contrairement au VHS »
– Jean-Claude Martin, président et fondateur du Musée du cinéma et de la photographie
Ce n’est finalement qu’au début des années 2010, notamment avec l’apparition du film Avatar, que la plupart des cinémas choisissent de s’équiper de projecteurs numériques, marquant ainsi un tournant dans l’utilisation de la 3D dans la captation et la projection de nombreux films. Aujourd’hui, les caméras sont omniprésentes, les particuliers peuvent également filmer de leur côté à l’aide de téléphones portables, mais aussi projeter des films chez eux grâce aux vidéoprojecteurs devenus au fil du temps beaucoup plus accessibles financièrement. Ces avancées ont non seulement démocratisé la création de contenu cinématographique, mais ont aussi rendu des expériences de haute qualité possibles à domicile.
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Crédit Image à la Une : pexels