[Série été | CinéTech’] Quand les effets spéciaux redéfinissent le réalisme au cinéma

[Série été | CinéTech’] Quand les effets spéciaux redéfinissent le réalisme au cinéma

Aujourd’hui, la technologie est devenue indispensable dans le paysage cinématographique. Elle permet de plonger le spectateur dans des mondes imaginaires, de créer des paysages, de donner vie à des personnages, ou tout simplement de mettre en scène ce qui ne peut être filmé par une simple caméra. Bien que ces effets soient désormais réalisés numériquement, cela n’a pas toujours été le cas. Cette technologie est le fruit d’une révolution progressive étendue sur plusieurs années, qui a transformé le réalisme au cinéma.

Le premier film est projeté à Lyon il y a 128 ans, le 25 janvier 1896. Les Lyonnais découvrent alors pour la première fois une technologie particulière appelée cinéma. Après deux séances à Paris, les frères Lumière, illustres inventeurs du cinématographe, projettent « La Sortie de l’usine Lumière à Lyon ». Les choses ont bien changé depuis ; Lyon est devenue la ville emblématique du cinéma, et cette industrie n’a cessé d’évoluer, ne serait-ce que sur le plan des effets spéciaux.

L’origine des effets spéciaux : le trucage

Le réalisateur Georges Méliès utilisait des décors provenant du théâtre pour son film « Le Voyage dans la lune ». Crédit photo: Romain Houlès

Le cinéma fait son apparition à la fin du XIXème siècle. Si les frères Lumières sollicitent ce dernier pour montrer la réalité objective comme l’arrivée d’un train ou la sortie d’une usine, l’illusionniste Georges Méliès y perçoit un autre potentiel. Il souhaite emmener les spectateurs dans un nouvel univers, plus fantastique, plus féérique. Pour ce faire, il a recours à différentes techniques :  « Le matte painting était principalement utilisé,  les paysages étaient peints sur du verre pour y incruster des personnages en live », précise Romain Houlès, responsable éditorial du Musée du cinéma et de la miniature de Lyon. 

« Le matte painting était principalement utilisé,  les paysages étaient peints sur du verre pour y incruster des personnages en live. » 

–  Romain Houlès, responsable éditorial du Musée du cinéma et de la miniature

Méliès apparaît comme le précurseur des effets spéciaux et du trucage, des effets inspirés du théâtre : « Il se coupait au montage pour faire des apparitions et des disparitions, et se servait aussi beaucoup de la pyrotechnique », relate Romain Houlès. Son film, Le Voyage dans la lune, reste le plus connu et le plus symbolique de cette évolution.

Des années 70 au 90, la révolution des effets mécaniques

En 1977 sort un film qui va chambouler l’univers du cinéma, mais aussi l’esprit de nombreux spectateurs. La Guerre des étoiles (Star Wars) » fait son arrivée sur le devant de la scène. Si l’histoire séduit jeunes et moins jeunes, c’est aussi grâce à son univers, transporté par des effets spéciaux jusque-là jamais vus à l’écran. George Lucas, le réalisateur de ce film utilise la stop motion et s’inspire d’un film culte sorti en 1931, King Kong. Cette technique vise à capturer différentes scènes image par image. « Star Wars est un grand bac à sable des effets spéciaux. La stop motion a donné vie à tous les personnages du film », ajoute Romain Houlès.

Différentes maquettes étaient utilisées pour le tournage de « Star Wars épisode V ». Crédit photo : Romain Houlès

Mais le plus spectaculaire dans cet univers reste les combats spatiaux. Pour les réaliser, George Lucas utilise des maquettes. « Les premiers effets visuels sur fond bleu et vert sont conçus pour filmer les maquettes et les incruster », précise-t-il. Une prouesse technique, rare pour l’époque, qui donne également naissance au premier studio d’effets spéciaux, ILM. 

« Les premiers effets visuels sur fond bleu et vert sont conçus pour filmer les maquettes et les incruster. » 

–  Romain Houlès, responsable éditorial du Musée du cinéma et de la miniature

Les évolutions techniques continuent avec l’apparition de nouveaux blockbusters comme Jurassic Park. « Pour ce film, on fusionne la stop motion avec l’image de synthèse générée par ordinateur, ce qui génère un véritable bouleversement », souligne Romain Houlès.  Des animatroniques sont également utilisés pour ramener à la vie les créatures du Jurassique.

Les années 2000, l’ère du numérique rendant le cinéma plus vrai que nature

La technique de la motion capture utilisée pour le tournage du film Pirate des Caraïbes. Crédit Photo: Romain Houlès

Bien que le numérique fasse son apparition dans les années 1980, c’est à partir des années 2000 qu’une véritable rupture s’opère. Cette technologie permet de créer des images de manière dématérialisée grâce à l’informatique. La technique du morphing devient notamment de plus en plus utilisée : « Le morphing est l’art de transformer. On superpose un maquillage puis deux visages les uns sur les autres pour rendre ça plus dynamique au montage» , ajoute Romain Houlès. Cette technique est souvent utilisée pour modifier les traits du visage. On retrouve son utilisation dans différents films comme Entretien avec un vampire ou encore Willow.

Mais l’évolution des années 2000 ne s’arrête pas là. Des films se développent intégralement en images numériques. C’est le cas d’Avatar avec la 3D. La motion capture est utilisée rendant encore plus floue la frontière entre l’image de synthèse et la réalité. « Des points sont placés sur le visage des comédiens et des gros plans sont réalisés pour réadapter et recréer entièrement les expressions de visage sur ordinateur, avant c’était fait à la main », explique Romain Houlès.  

Chaque phase d’apprentissage a permis au cinéma de se réinventer continuellement. De nos jours, la production à la chaîne des films rend le développement des effets spéciaux plus compliqué en raison du temps de plus en plus réduit accordé aux techniciens : « À l’époque, il n’y avait qu’une seule boite d’effets spéciaux. Aujourd’hui, il y a plusieurs studios, ce qui montre l’industrie dans laquelle nous sommes », termine Romain Houlès, responsable éditorial du Musée du cinéma et de la miniature.

Pour aller plus loin :

Le Festival du film d’animation d’Annecy place la technologie au coeur de sa programmation

Crédit Image à la Une : Pixabay