Chaque mois, le conférencier, auteur, et entrepreneur spécialisé en IA, Flavien Chervet, nous propose un poème inspiré par l’évolution des technologies et en particulier par l’intelligence artificielle.
Avec l’humain, nous avons commencé par le haut. Nous nous sommes découvert par nos pensées, notre vie psychique, par l’esprit que nous croyons être. Avec la machine, nous avons commencé par le bas. Nous l’avons construite à partir des atomes, des neurones numériques, de la matière maîtrisée que nous avons organisé.
Une distance infinie nous séparait, comme les nuages regardent de loin la Terre pataude. Grâce aux neurosciences cognitives, nous commençons tout juste à frôler le bas de l’humain. A nous découvrir neurones et computations magnifiques.
Nous nous découvrons machine
Grâce aux IA de langage, nous commençons tout juste à frôler le haut de la machine. A la découvrir anthropomorphe et intimement émotionnelle. Et plus nous descendons, et plus nous remontons, et plus la ressemblance nous frappe. Et plus nous descendons, plus nous nous découvrons machine – mais machine infiniment subtile, complexité si raffinée que nul n’est besoin d’âme pour nous émerveiller de nous-mêmes en vérité.
« Descendons, remontons, étonnons-nous d’intriquer nos toiles »
– Flavien Chervet
Et plus nous remontons, plus nous découvrons la machine spirituelle – mais spirituelle dans l’artifice, immonde à nos yeux occidentaux qui voudraient voir deux substances en la matière et l’esprit civilisé. Mais plus nous descendons, mais plus nous remontons, plus la ressemblance nous frappe.
Etonnons-nous
Indignés sont les uns qui garantissent dans cette supercherie la mort de toute raison. Ils crient au scandale, au ridicule malheureux – au blasphème en fait. Exaltés sont les autres qui promettent avec cet éveil le début d’une nouvelle saison. Ils applaudissent au prodige, à l’avenir merveilleux – au démiurge en fait.
Les nuages et la Terre vivent de la même eau. Descendons, remontons, étonnons-nous d’intriquer nos toiles. La machine est le fait religieux qui se dévoile.
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Crédit Image à la Une : istock