Cette année, Handicap International lance un nouveau projet en France: collecter des prothèses et les reconditionner, avant de les expédier en pièces détachées, dans différents pays d’intervention. Un pari audacieux qui a pris forme dans l’atelier de reconditionnement de Vénissieux, CScience est parti à sa découverte.
Au milieu de jambes, de pieds et de mains en plastique, difficile de comprendre où l’on se trouve quand on pénètre pour la première fois dans cet atelier du boulevard Irène Joliot Curie, à Vénissieux, près de Lyon.
On semble avancer dans une fabrique de mannequins, et pourtant, rapidement quelques indices laissent entendre qu’il s’agit en fait d’éléments de… prothèses. Bienvenus dans l’atelier Recycleg d’Handicap international.
Initié en 2006, ce projet porté par l’ONG lyonnaise a été relancé cette année. Le but est simple, reconditionner des prothèses données par des centres et des utilisateurs pour récupérer les pièces détachées et les envoyer aux prothésistes partenaires. En France, Handicap International et Nav’Solidaire sont les deux seules associations à effectuer une remise en état totale de la prothèse.
Objectif, réduire le coût d’une prothèse et la rendre plus accessible
Aujourd’hui, le coût d’une prothèse peut vite devenir un frein à son accessibilité. Un genou coûte entre 500 à 1000 euros et l’ensemble peut atteindre les 8000 euros. En France, les prothèses sont renouvelées tous les cinq ans par la sécurité sociale.
L’idée d’Handicap International est d’appareiller 10 000 personnes par an dans les pays les plus pauvres du monde d’ici 2028. « En 2023, nous avons reçu 300 prothèses, ce qui coûte le plus cher c’est la partie en résine, en acier ou encore en inox », ajoute Victoire Hubert responsable du projet Recycleg.
« La partie moulée de la prothèse n’est pas envoyée, seulement les composants. Ces derniers sont envoyés à centres de prothésistes pour garantir une utilisation optimale des matériaux »
– Victoire Hubert responsable du projet Recycleg
Au sein de l’atelier, les bénévoles nettoient, vérifient et récupèrent les matériaux réutilisables qui seront par la suite envoyés à des prothésistes partenaires au Rwanda, Bénin ou encore en Tanzanie. « La partie moulée de la prothèse n’est pas envoyée, seulement les composants. Ces derniers sont envoyés à des centres de prothésistes pour garantir une utilisation optimale des matériaux », affirme Victoire Hubert.
L’impression 3D au service du handicap
L’association souhaite développer l’impression 3D pour les orthèses et les prothèses, toujours dans un objectif de réduction des coûts et de facilité d’accès. « Avec la 3D on peut scanner le moignon à l’aide d’une tablette et même à distance. Si on combine l’impression 3D pour les emboîtures et les composants Recycleg on arrive à une prothèse très peu chère » témoigne Victoire Hubert.
« Avec la 3D on peut scanner le moignon à l’aide d’une tablette et même à distance. Si on combine l’impression 3D pour les emboîtures et les composants Recycleg on arrive à une prothèse très peu chère »
– Victoire Hubert responsable du projet Recycleg
L’impression 3D permet de recycler les déchets et d’éviter le moulage en plâtre, plus coûteux et plus polluant. Le seul coût restant est celui de la bobine de fil pour l’impression. Pour développer cette technologie, l’association a mis en place un partenariat avec l’école d’ingénieur INSA Lyon. En plus des prothèses, les orthèses, telles que les attelles, pourront également être reproduites.
Aujourd’hui, l’atelier est animé par des bénévoles, mais a pour vocation de devenir un atelier chantier d’insertion, visant à accompagner la réinsertion professionnelle des personnes en situation de handicap . L’objectif est de distribuer 5 000 prothèses d’ici 2026.
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Crédit Image à la Une : Justine Magand