Quand la musique scientifique se développe pour favoriser la concentration des salariés

Quand la  musique scientifique se développe pour favoriser la concentration des salariés

Rester concentré plus d’une heure sans interruption relève pour beaucoup, d’un véritable défi. Entre sonneries de téléphone, fatigue ou encore pensées qui divaguent les sources de distraction peuvent être nombreuses. Pour y faire face de plus en plus de solutions se développent, notamment la musique scientifique proposée digitalement pour faciliter la concentration.

Entre un collègue qui entame une conversation téléphonique animée, un message reçu sur un autre poste de travail ou encore les rires de la salle de repos, difficile de réellement se concentrer au bureau. Selon une enquête IFOP, 51% des salariés affirment que le bruit au travail à un impact sur leur santé et leur productivité. C’est d’ailleurs à partir de son histoire personnelle que Myriam Blouet a fondé Filboost, une solution sonore et individuelle pour aider à la concentration et avancer sur ses tâches. « Avant j’étais responsable administrative dans les PME, j’avais beaucoup de mal à rester concentrée sur un sujet et je me sentais moins bien. J’ai trouvé un pied de sortie en écoutant de la musique de film » explique t-elle. 

Une base scientifique claire

Pour proposer des ambiances sonores favorisant la concentration, la start-up s’appuie sur l’énergie et l’émotion transmises par la musique. « On a une méthode qui consiste à créer des sons qui attirent l’attention sans la détourner. On détermine ce qu’on a envie d’emmener comme énergie et l’émotion qu’on a envie de transmettre », explique Myriam Blouet, CEO de Filboost. 

« On a une méthode qui consiste à créer des sons qui attirent l’attention sans la détourner. On détermine ce qu’on a envie d’emmener comme énergie et l’émotion qu’on a envie de transmettre »

– Myriam Blouet, CEO de Filboost

En effet, tous les types de sons ne favorisent pas la concentration, en particulier ceux contenant des paroles. C’est pourquoi la start-up mène des recherches scientifiques préalables pour proposer des compositions qui répondent le mieux aux besoins cognitifs des utilisateurs.  « Les paroles peuvent distraire car le cerveau est occupé par ces dernières. La musique instrumentale est mieux, car il y a une forme de répétitivité, le cerveau ne doit pas être captivé par les détails », précise Maria Francesca Gigliotti, Dr en psychologie cognitive et neuropsychologue. 

Les rythmes et les fréquences sont minutieusement sélectionnés pour créer un équilibre optimal  entre l’énergie nécessaire à la concentration et la tranquillité qui empêche toute perturbation. Une fois les recherches effectuées, des échanges avec les artistes vont avoir lieu pour traduire ces données en création sonore. « À partir de là, on a des artistes qui vont créer des sons avec des bruits de nature, de la brillance dans les notes », précise Myriam Blouet, CEO de Filboost. 

Une application adaptée à l’humeur

L’utilisateur peut définir son état du jour sur l’application. Crédit photo: Filboost 

Une fois la création artistique finalisée, quatre types de son sont disponibles sur l’application: Concentration, Boost, Calme et Créativité.  Ces derniers sont proposés en fonction des besoins de l’utilisateur, qui indique également son état du jour. « L’efficacité d’un son va dépendre du besoin et de l’énergie de la personne. Les personnes en haute énergie ont souvent besoin d’un son de type Boost, à très forte énergie. Pour les personnes angoissées, un stress léger peut rendre une concentration efficace », souligne Myriam Blouet.

« L’efficacité d’un son va dépendre du besoin et de l’énergie de la personne. Les personnes en haute énergie ont souvent besoin d’un son de type Boost, à très forte énergie. Pour les personnes angoissées, un stress léger peut rendre une concentration efficace»

– Myriam Blouet, CEO de Filboost

Des émotions importantes à prendre en compte, pour générer de la dopamine, hormone de bien-être. « Un bruit blanc par exemple, c’est complexe. Pour un son de fond, il peut être bénéfique pour une personne avec un trouble de l’attention car il stimule la partie du cerveau sous-activée. Mais ça peut ne pas être pertinent pour d’autres », ajoute  Maria Francesca Gigliotti, Dr en psychologie cognitive et neuropsychologue.

Au-delà de l’application, une tablette est également proposée sur le même principe. « Le but est d’avoir un produit physique mis en place pour créer de la créativité dans les petits travaux de groupe », précise Myriam Blouet.  Les séquences sonores durent 10 minutes, mais peuvent être relancées selon le besoin de l’utilisateur.

Un outil à utiliser à bon escient

Si la musique scientifique se développe de plus en plus, elle doit être utilisée de la bonne façon. « Il vaut mieux écouter la musique avant d’étudier ou de travailler pour apaiser son état émotionnel. Écouter de la musique pendant la tâche effectuée est plus complexe, car il y a une situation de double tâche: d’un côté, on rédige, et d’un autre, on écoute de la musique », ajoute Maria Francesca Gigliotti, Dr en psychologie cognitive et neuropsychologue.

« Il vaut mieux écouter la musique avant d’étudier ou de travailler pour apaiser son état émotionnel. Écouter de la musique pendant la tâche effectuée est plus complexe, car il y a une situation de double tâche: d’un côté, on rédige, et d’un autre, on écoute de la musique »

– Maria Francesca Gigliotti, Dr en psychologie cognitive et neuropsychologue

La musique, tout en aidant à la concentration, peut aussi rapidement devenir une source de distraction ou entraîner un épuisement mental, d’où l’importance de limiter sa durée.  En plus de l’état émotionnel et de la personnalité de l’utilisateur, la tâche effectuée reste à prendre en compte. « Sur une tâche répétitive, la musique énergisante améliore la performance, sur une tâche d’écriture, une musique à basse énergie est préférable », souligne  Maria Francesca Gigliotti.

Autant d’éléments à prendre en compte pour une utilisation optimale de la musique scientifique. Pour améliorer  ses créations sonores, plus de 150 articles scientifiques ont été analysés par la start-up qui mène toujours des recherches en collaboration avec le laboratoire SCALab CNRS.

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Crédit Image à la Une : Pexel