[Lyonnaises d’exception] « Je m’efforce de promouvoir l’équité et l’inclusion dans la recherche et les soins de santé »

[Lyonnaises d’exception] « Je m’efforce de promouvoir l’équité et l’inclusion dans la recherche et les soins de santé »

Entrepreneure, leader, chercheuse… Et si on profitait de l’été pour apprendre à connaître les Lyonnaises qui façonnent le monde de demain ? Retrouvez sur CScience « 3 questions à une Lyonnaise d’exception », une mini-série proposée par Laurie Bruno, un mardi sur deux. Cette semaine, rencontre avec la Dre Elisabete Weiderpass, directrice du Centre International de recherche sur le cancer.

Elisabete Weiderpass est une chercheuse brésilienne, qui détient également les nationalités suédoise et finlandaise. Spécialiste de l’épidémiologie et de la prévention du cancer, elle est l’auteure de près de 1 000 publications dans des revues internationales. Après avoir dirigé le Département de recherche du Registre du cancer de Norvège ainsi que le Groupe d’épidémiologie génétique du Centre de recherche Folkhälsan de Finlande, la Dre Weiderpass est élue directrice du Centre international de recherche sur le cancer (CIRC) à Lyon le 1er janvier 2019. Elle devient la première femme à occuper ce poste.

Parmi vos innombrables travaux de recherche, vous vous êtes spécialisée dans la prévention en cancérologie. Qu’est-ce qui vous a emmenée à choisir cette voie ?

Je dirais que c’est mon intérêt à faire une différence dans les destins des populations en matière de santé. La prévention en cancérologie est un domaine essentiel pour réduire l’incidence des cancers, et par conséquent améliorer la santé publique. Et moi, en tant que directrice du CIRC, je joue un rôle clé au sein de notre institut dans la stratégie de recherche sur les causes du cancer, l’épidémiologie et la prévention. Cette dernière se décline en trois approches.

« […] en tant que directrice du CIRC, je joue un rôle clé au sein de notre institut dans la stratégie de recherche sur les causes du cancer, l’épidémiologie et la prévention. »

Il y a tout d’abord la prévention primaire, qui vise à réduire les facteurs de risque avant l’apparition du cancer. Elle implique un mode de vie sain avec une alimentation équilibrée, de l’exercice physique, l’évitement du tabac et de l’alcool, la vaccination contre certains virus tels que le VPH [Virus du Papillome Humain] pour prévenir le cancer du col de l’utérus, et la protection contre les rayonnements. Vient ensuite l’approche du dépistage précoce, qui permet de détecter les cancers à un stade peu avancé. Celle-ci implique des programmes de dépistage pour certains cancers, tels que la mammographie pour le cancer du sein, ou la coloscopie pour le cancer colorectal. Après le diagnostic, enfin, on parle de prévention tertiaire. Cette dernière vise à améliorer la qualité de vie des patients atteints de cancer et à réduire les complications. Cela peut inclure des soins palliatifs, la gestion des symptômes, mais aussi du soutien psychologique.

En quelques mots, que fait-on au CIRC pour la prévention du cancer, et particulièrement le cancer du sein, première cause de décès pour les femmes ? 

Notre mission principale au CIRC consiste à évaluer les preuves concernant les agents cancérigènes et à fournir des recommandations en matière de prévention. Concernant le cancer du sein, on met l’accent sur la réduction de la mortalité par la recherche sur l’étiologie et la détection précoce chez les femmes asymptomatiques. Je rappelle que le dépistage du cancer du sein est essentiel, car il vise à améliorer les résultats du traitement et à minimiser les effets indésirables. Cela passe par la mammographie. En 2015 d’ailleurs, des experts ont conclu que les avantages de la mammographie de dépistage l’emportent sur ses effets indésirables chez les femmes de 50 à 74 ans. 

Votre carrière est centrée sur la réduction des inégalités dans le diagnostic et le traitement du cancer. Comment diriez-vous que votre approche change le monde ? Et est-ce une approche plus inclusive du fait que vous soyez une femme ?

Mon approche vise à améliorer la compréhension des causes du cancer, mais aussi l’accès au diagnostic et au traitement du cancer, en particulier pour les populations sous-représentées. Et en tant que femme, je m’efforce de promouvoir l’équité et l’inclusion dans la recherche et les soins de santé. Je suis persuadée qu’ensemble, nous pouvons faire une différence significative pour toutes et tous, et en particulier pour les populations défavorisées.

« Mon approche vise surtout à améliorer la compréhension des causes du cancer, l’accès au diagnostic et au traitement du cancer, en particulier pour les populations sous-représentées »

Propos recueillis le 12 juillet 2024.

Encore plus de Lyonnaises d’exception :

[Lyonnaises d’exception] « Lever le tabou des règles dans le monde professionnel, c’est rendre toute l’entreprise plus agile »

Crédit Image à la Une : CC-BY-SA 3.0 IGO. IARC/M Sarzo