Demain vendredi aura lieu le traditionnel Black Friday, période de promotion phare pour les acteurs de l’e-commerce. Cet événement constitue cependant un véritable gouffre en termes d’impact environnemental. Toutefois, une étude menée par le cabinet de conseil Converteo révèle que l’engagement environnemental serait de plus en plus au coeur des préoccupations des enseignes. Décryptage.
Pour beaucoup, durabilité et Black Friday relèvent d’un mariage impossible, et ce, à juste titre. L’ADEME révèle que 25% des émissions en ville sont dues au transport de marchandises. Des livraisons accentuées durant la période du Black Friday, où les français ont davantage tendance à consommer en ligne en raison des nombreux prix cassés proposés.
Cependant, le baromètre de l’e-commerce durable, porté par le cabinet de conseil Converteo, met en avant une légère amélioration des pratiques RSE. Évaluées sur 35 critères répartis en différentes catégories, notamment la chaîne logistique ou encore la transparence consommateur, de plus en plus d’entreprises semblent vouloir améliorer leurs démarches RSE à travers des initiatives clés.
La réparabilité, une priorité pour les e-commerçants
Aujourd’hui, 58% des enseignes proposent la vente de produits d’occasion ou reconditionnés, un enjeu que semblent avoir bien compris Decathlon, Fnac et Darty, qui figurent en tête du baromètre.
« Le business model de Darty c’est la réparation. Les enseignes en tête de classement disposent d’un réseau physique qui leur permet de mieux travailler sur la circularité et de réparer des produits en fin de vie », explique Sylvain Deffay, responsable RSE chez Converteo. La réparation, ainsi que le système de reprise et de vente de produits reconditionnés, jouent un rôle sur les consommateurs, qui cherchent également à minimiser leur impact environnemental.
« Le business model de Darty c’est la réparation. Les enseignes en tête de classement disposent d’un réseau physique qui leur permet de mieux travailler sur la circularité et de réparer des produits en fin de vie »
– Sylvain Deffay, responsable RSE chez Converteo
Encore récent sur ce type de modèle, Leroy Merlin connaît une progression importante en passant de la huitième à la deuxième place, une remontée qui s’explique aussi l’amélioration de la transparence sur l’empreinte carbone de ses produits et sa stratégie accrue en matière de réparation.
Des efforts à faire dans la livraison bas carbone
Mais l’empreinte carbone des enseignes de l’e-commerce provient également de leurs nombreuses livraisons. Entre livraison rapide et retour des produits, difficile pour les marques de répondre à tous ces besoins. Les acteurs qui proposent des modes de livraison en point relais, sont mieux placés pour réduire leur empreinte.
« L’ADEME souligne que la livraison e-commerce est plus vertueuse. Un camion rempli c’est mieux qu’une personne qui se déplace dans un magasin. Il y a aussi un effort pour limiter les sources d’erreurs, par exemple les commentaires en ligne sur la pointure, pour éviter un retour en magasin », précise Sylvain Deffay, responsable RSE chez Converteo.
« Il y a un entre deux, le magasin c’est bien, mais pas si on y va pour un seul produit, car on prend la voiture. Mais prendre la voiture pour aller au point relais, c’est aussi mauvais »
– Sylvain Deffay, responsable RSE chez Converteo
Cependant, l’étude révèle que l’adoption en point relais reste stable et n’a pas connu de changement important. Des efforts restent à fournir de ce côté là. « Il y a un entre deux, le magasin c’est bien, mais pas si on y va pour un seul produit, car on prend la voiture. Mais prendre la voiture pour aller au point relais, c’est aussi mauvais », ajoute Sylvain Deffay. Certaines enseignes, comme Kiabi, proposent la mobilité douce et électrique en région parisienne, mais restent dominées par la livraison rapide majoritairement demandée.
Une pression réglementaire
Cependant, si les enseignes ont tendance à vouloir remplir de plus en plus ces critères de durabilité, ce n’est pas uniquement pour répondre aux attentes des consommateurs. La pression des réglementations, notamment en matière de normes européennes, se fait de plus en plus ressentir. « Il y a des changements sociétaux, la pression réglementaire est de plus en plus forte pour les entreprises, qui doivent déclarer leur empreinte carbone. Il y aussi une pression à l’écoconception », explique Sylvain Deffay, responsable RSE chez Converteo.
« Il y a des changements sociétaux, la pression réglementaire est de plus en plus forte pour les entreprises, qui doivent déclarer leur empreinte carbone. Il y aussi une pression à l’écoconception »
– Sylvain Deffay, responsable RSE chez Converteo
Dans le top 10, la plupart des enseignes sont signataires de chartes environnementales, mais aussi du Pacte vert pour l’Europe ou encore du Contrat climat. Mis en place dans le cadre de la loi Climat et Résilience, ce dispositif encourage les entreprises à adopter et promouvoir des pratiques plus respectueuses de l’environnement.
Ces commerces renforcent ainsi leur transparence sur le score environnemental de leurs produits et n’hésitent pas à le mettre en avant. À l’inverse, les entreprises en bas du classement, comme Temu, Shein ou Oscaro, restent floues sur leurs critères de vigilance. « Les e-commerçants d’Asie du Sud-Est font peu d’efforts de communication sur le reporting, etc. Ils ne mettent pas en avant des offres vertueuses », ajoute Sylvain Deffay.
Mais si l’étude révèle une légère hausse de l’engagement environnemental des entreprises, le chemin pour concilier durabilité et commerce en ligne reste encore long. « Si tous les produits commercialisés étaient éco-conçus, réparables et de seconde main, cela constituerait un modèle durable. Mais ce ne sera probablement pas le cas, on invite les lecteurs du baromètre à mettre en avant ce type de produits sur leur site », conclut Sylvain Deffay.
L’agroalimentaire québécois à l’heure de la transition écologique
Crédit Image à la Une : Pixabay