Ses spécialités culinaires, ses bouchons, ses grands chefs, jusqu’au titre de « capitale mondiale de la gastronomie » attribué par le critique culinaire Curnonsky en 1925…. La réputation de Lyon en matière de gastronomie n’est plus à faire. Cent ans après cette reconnaissance, la cuisine lyonnaise et tout ce qui l’entoure a su se réinventer tout en conservant son authenticité. De la culture des légumes à la vaisselle collective, en passant par la formation des futurs Bocuse et la restauration de bureau, l’innovation lyonnaise révolutionne nos assiettes… aussi à la pause-dej’.
Pour cette série estivale, je suis partie à la découverte des solutions technologiques qui font de la capitale des Gaules une ville pionnière dans l’innovation culinaire. J’ai rencontré cette semaine Diane Martinez, responsable du service client au sein de Carot’. Elle nous explique comment une jeune pousse lyonnaise a transformé notre pause-déjeuner au travail.
Carot’ se définit comme une cantine connectée et engagée. Mais comment ça marche concrètement ?
C’est très simple, on a trois verbes chez Carot’ : badger, ouvrer, manger. En pratique, il suffit de se créer un compte qui sera alimenté [sans mauvais jeux de mots] par nos coordonnées bancaires, et de lier notre badge au frigo connecté. Une fois cette première étape faite, on peut se servir tous les jours dans le frigo qui va détecter le plat qu’on prend grâce à la technologie de pesée. C’est une solution technologique facile et rapide. D’un point de vue technique, il faut savoir qu’il existe deux solutions sur le marché des frigos connectés : la pesée et la RFID [radio-identification, une méthode pour récupérer des données à distance en utilisant des « radio-étiquettes »]. Nous, on a fait le choix de la pesée, même si elle coûte plus cher, pour éliminer l’étiquette collée sur le produit, nocive pour l’environnement. Cette technique est plus responsable donc, mais aussi plus fiable, avec un niveau de précision qui atteint les 98 %.
« […] on peut se servir tous les jours dans le frigo qui va détecter le plat qu’on prend grâce à la technologie de pesée. »
Côté approvisionnement, notre fonctionnement a évolué. Carot’ a été fondé en 2019 par Coline Bélot-Casini, diplômée de l’école de gastronomie Ferrandi à Paris, et Pierre-Yves Coeurdevey, qui est passé par la marque de produits alimentaires Michel & Augustin.
Au début, les deux fondateurs préparaient eux-mêmes les plats, mais l’activité a explosé durant la pandémie de COVID-19, le frigo connecté devenant la meilleure alternative face aux cantines trop chères avec la mise en place du télétravail. Beaucoup d’organismes tels que la CPAM du Rhône, GL Events, ou encore la Société Générale sont passés sur ces nouvelles façons de se restaurer, et la cadence était impossible à tenir côté cuisine ! Alors depuis deux ans, on travaille avec des traiteurs-restaurateurs locaux pour approvisionner nos frigos.
L’équipe de Carot’ est implantée à H7, lieu totem de l’innovation à Lyon, et des dizaines d’entreprises de la métropole lyonnaise ont adopté un frigo connecté dans leurs locaux. Pourquoi Carot’ est née à Lyon ?
Lyon premièrement parce que les fondateurs sont Lyonnais, et deuxièmement parce qu’on est dans la capitale de la gastronomie. Ils ont donc naturellement choisi de commencer par Lyon, et la Région Auvergne-Rhône-Alpes de manière générale. Aujourd’hui, on se déploie dans la région de Dijon, Saint-Etienne, Grenoble, Annecy, et jusqu’en PACA [Provence-Alpes-Côte d’Azur]. On conserve bien sûr le côté local, frais et circuit-court, avec par exemple un approvisionnement chez des traiteurs-restaurateurs de la région de Grenoble pour une entreprise grenobloise.
« Lyon premièrement parce que les fondateurs sont Lyonnais, et deuxièmement parce qu’on est dans la capitale de la gastronomie. »
En quoi votre food-court de bureau est innovant ?
Notre innovation réside avant tout dans la pesée, une technologie qui s’est développée après la RFID. Mais je crois que notre innovation se situe surtout dans l’approche même de la restauration au bureau. C’est une toute nouvelle manière de se restaurer entre collaborateurs ! Auparavant, on avait des self (restaurants en libre-service) ou des cantines très basiques dans les grosses entreprises. Le côté innovant des technologies de frigo connecté, c’est que tu as dix recettes de plats principaux par semaine, qui permet à une équipe ou à un ensemble de collègues de manger au même endroit, à la même table, avec des plats différents et au goût de chacun. C’est une tout autre vision de la restauration en entreprise qu’on a réussi à diffuser.
« Le côté innovant des technologies de frigo connecté, c’est que tu as dix recettes de plats principaux par semaine, qui permet à une équipe ou à un ensemble de collègues de manger au même endroit, à la même table, avec des plats différents et au goût de chacun. C’est une tout autre vision de la restauration en entreprise qu’on a réussi à diffuser. »
En tant que responsable de la stratégie client, je suis en contact direct avec les clients et beaucoup me le disent : « Vous avez amené de la convivialité dans notre service ». Je sais aussi qu’on réussi à créer du lien entre des personnes de différents services, qui ne mangent pas aux mêmes heures, grâce à des échanges anodins comme « Ah tiens, tu as goûté ce plat ? Moi, j’ai adoré ! ». J’ajouterai enfin qu’on innove en termes de temps gagné. Contrairement à de la restauration classique, où on va faire la queue pour commander puis attendre son plat, ici on est sur moins d’une minute : tu ouvres le frigo, tu prends ton plat, tu vas manger.
Vous vous définissez comme un « Booster de bonheur ». Comment Carot’ révolutionne nos assiettes ?
Je dirais sur le côté local et frais avant tout, mais aussi sur l’aspect diversifié. Même si on a principalement des partenaires qui font des produits locaux, on propose une section qui s’appelle « Plats du Monde », avec un nouveau traiteur chaque semaine. On fait découvrir de l’indien, du libanais, de l’italien… Je pense par exemple à nos célèbres lasagnes, qui ont beaucoup de succès à H7 !
Et dernièrement, notre force et notre manière de révolutionner nos assiettes, c’est de créer des partenariats locaux. Je pense par exemple aux hot-dogs de Teddy’s, ou aux empanadas de Toké, qui ont rejoint nos frigos connectés cet été et qui permettent d’animer des stands en entreprise. Et ce qui est important selon moi, et qui change dans la restauration d’entreprise, c’est qu’on est vraiment dans la démarche de proposer ces plats à petits prix, d’avoir une assiette bien garnie et de qualité à un coût très attractif. Le plat principal débute à 5 euros 50. Les tickets restaurant d’ailleurs sont pris en compte : notre application utilisera en priorité vos titres restaurant, puis votre carte bancaire si le plafond est atteint.
« Et ce qui est important selon moi, et qui change dans la restauration d’entreprise, c’est qu’on est vraiment dans la démarche de proposer ces plats à petits prix, d’avoir une assiette bien garnie et de qualité à un coût très attractif. »
Propos recueillis le 5 août 2024.
L’entrevue culi-tech précédente :
Crédit Image à la Une :