Depuis sa mise en service cet été, la commune de Saint-Savin, en Isère, possède l’une des plus grandes centrales photovoltaïques flottantes de France. Située sur un lac de carrière, elle permet de produire de l’énergie verte, mais offre surtout un véritable gain de place.
Avec ses 19 278 panneaux, cette centrale photovoltaïque a de quoi attirer l’œil. Cependant, elle ne ressemble pas à celles que l’on peut régulièrement croiser sur les toits. Et pour cause: elle est installée sur un lac de carrière et fonctionne grâce à différents flotteurs.
Encore rare en France, ce type de technologie est pourtant déjà bien implanté dans différents pays, notamment au Japon, où elle est utilisée sur les lacs de rizière. Cette idée novatrice, portée par Ciel et Terre, offre de nombreux avantages en plus de produire de l’électricité verte.
Une optimisation de l’espace
Si le fonctionnement d’une centrale photovoltaïque flottante ressemble en grande partie à celui d’une centrale au sol, son principal intérêt réside avant tout dans son gain de place. « Utiliser les terres agricoles, c’est gâcher du terrain qui peut-être utilisé, il y a beaucoup de lacs qui ne servent plus comme Saint-Savin, où une partie de la réserve n’est plus utilisée par le carrier », explique Marie Bonte, cheffe de projet à Saint-Savin.
« Utiliser les terres agricoles, c’est gâcher du terrain qui peut-être utilisé, il y a beaucoup de lacs qui ne servent plus comme Saint-Savin, où une partie de la réserve n’est plus utilisée par le carrier »
– Marie Bonte, cheffe de projet à Saint-Savin
En effet, l’étang est une ancienne carrière de sable, dont 12 hectares ne sont plus exploités, et les berges sont trop instables pour toute activité de loisir. Mais l’avantage réside également dans la stabilité de la surface du lac. « C’est une surface sans angles, reliefs ni arbres, ce qui est bénéfique pour la production », ajoute Marie Bonte. La température du lac, plus basse que l’air ambiant, permet également un refroidissement naturel qui améliore l’efficacité des panneaux.
La technologie aiR Optim
En dépit du fait qu’une une centrale photovoltaïque flottante offre de nombreux avantages, certains aspects techniques sont à considérer, notamment le système d’ancrage, important puisqu’il permet d’éviter la dérive des panneaux. « La surface de l’eau varie, il y a un système d’ancrage qui absorbe les différences de niveau. Le matériau doit aussi être compatible avec l’eau, la structure est en plastique », précise Marie Bonte, cheffe de projet à Saint-Savin.
« La surface de l’eau varie, il y a un système d’ancrage qui absorbe les différences de niveau. Le matériau doit aussi être compatible avec l’eau, la structure est en plastique »
– Marie Bonte, cheffe de projet à Saint-Savin
Pour faciliter la maintenance et les déplacements, un nouveau design de flotteur a été mis en place. « On a plusieurs tailles de flotteurs qui s’adaptent aux panneaux. Ce qui introduit une meilleure manière de s’organiser, en reliant notamment les câbles électriques sur la centrale », indique Marie Bonte. Une fois produite, l’énergie est rachetée par un distributeur qui la commercialise ensuite auprès des consommateurs.
La biodiversité, un aspect à prendre en compte
Au delà du fonctionnement, l’environnement local est aussi un facteur à intégrer pour ce type de structure. En effet, c’est toute une végétation qui s’est développée autour du lac de Saint-Savin au fil des années. Les structures flottantes peuvent perturber cet éco-système en bloquant la lumière naturelle de l’eau ou encore en endommageant les berges. Un aspect qui semble avoir été pris en compte.
« On a fait des recherches préalables sur les espèces présentes, les phases de travaux sont généralement imposées l’hiver pour respecter les études menées par différents écologues », explique Marie Bonte, cheffe de projet sur Saint-Savin. C’est aussi pour cette raison que la centrale ne recouvre pas l’intégralité du lac, pour permettre aux algues et aux plantes de continuer à se développer.
La nature, cependant, reprend ses droits , et cette biodiversité peut également engendrer des défis techniques. « Une fois la centrale mise en exploitation, elle a été appréciée par les animaux qui viennent dessus, on peut rencontrer des difficultés sur ce terrain là », ajoute Marie Bonte.
Une installation d’envergure, qui a pour objectif de produire environ 14 GWh par an, soit l’équivalent de la consommation de 6 000 foyers. « Le projet dure entre 25 et 30 ans, avec des petits entretiens réguliers », conclut Marie Bonte, cheffe de projet à Saint-Savin.
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Crédit Image à la Une : Ciel et Terre