Alors que le Mois sans tabac touche à sa fin dans quelques jours, le combat contre cette addiction reste encore bien présent. De nouvelles approches thérapeutiques ne cessent d’émerger pour aider les patients à faire face à leur dépendance. Depuis septembre 2024, la première thérapie digitale a été introduite dans les officines françaises. Une approche innovante qui propose un suivi plus personnalisé et rend le sevrage tabagique plus accessible.
Imaginez vous, aller en pharmacie pour trouver une solution pour faire face à une addiction au tabac. Mais au lieu de repartir avec des patchs, des gommes ou des médicaments, c’est une application pour smartphone qui vous est prescrite. Une scène étonnante, mais qui pourrait devenir monnaie courante dans les années à venir. Présentée dans une boîte similaire à celle d’un médicament, les pharmacies françaises sont depuis peu autorisées à délivrer Quitoxil, la première thérapie numérique certifiée CE dédiée à l’arrêt du tabac. Mise en place par KLAVA Innovation, elle vise à faciliter l’accès au sevrage tabagique.
Un programme numérique et humain
Aujourd’hui, c’est près de 15 millions de personnes qui sont touchées par le tabagisme en France. Mais malgré ce chiffre alarmant, l’accès à un suivi thérapeutique reste encore compliqué.
Entre déserts médicaux et coûts élevés, difficile pour tous les fumeurs de bénéficier d’un véritable accompagnement. Les thérapies numériques pourraient résoudre ce problème, offrant un suivi en ligne et différents modules adaptés aux besoins du patient. «On travaille aussi avec des experts, ce sont d’anciens fumeurs avec un DU en tabacologie qui vont aider les utilisateurs du programme et répondre à leurs questions », explique Alexia Adda, co-fondatrice et CEO de KLAVA Innovation.
« On travaille aussi avec des experts, ce sont d’anciens fumeurs avec un DU en tabacologie qui vont aider les utilisateurs du programme et répondre à leurs questions »
– Alexia Adda, co-fondatrice et CEO de KLAVA Innovation
Un bilan santé est également proposé aux utilisateurs qui peuvent s’autoévaluer et suivre leur progression en temps réel. « Ce bilan santé peut aussi être transmis au médecin traitant qui peut suivre les progrès au fil du temps », souligne Alexia Adda. Une accessibilité qui peut soulager les patients, mais aussi les médecins, souvent très sollicités.
Une partie ludique
Reconnu comme dispositif CE en septembre 2024, cette distinction met en avant l’intérêt médical de l’application. « Il ne s’agit pas d’une application de bien-être, c’est un véritable dispositif médical, vendu en pharmacie et qui peut être prescrit par les médecins », précise Alexia Adda, co-fondatrice et CEO de KLAVA Innovation. Une distinction d’autant plus importante puisque la thérapie, inclut également un volet ludique.
« Si le consommateur a une envie forte, il suffit de presser le bouton d’alerte et il peut accéder à des séances de méditation ou à des jeux pour éviter de fumer. Il y a une stratégie comportementale »
– Alexia Adda, co-fondatrice et CEO de KLAVA Innovation
« Si le consommateur a une envie forte, il suffit de presser le bouton d’alerte et il peut accéder à des séances de méditation ou à des jeux pour éviter de fumer. Il y a une stratégie comportementale », indique Alexia Adda. Des articles validés par des professionnels, en lien avec la dépendance au tabac, sont également proposés à la lecture.
Encore des difficultés d’acceptation sur le terrain
Toutefois, si les thérapies numériques améliore l’accessibilité à ce type de traitement, ce processus est encore loin de s’être totalement démocratisé en France. « Comme toute innovation, il y a deux écoles. Une partie de l’équipe est réfractaire et a peur que les patients deviennent addicts au téléphone, ce n’est pas facile à mettre en place au début », explique Marion Desbordes, pharmacienne.
« Comme toute innovation, il y a deux écoles. Une partie de l’équipe est réfractaire et a peur que les patients deviennent addicts au téléphone, ce n’est pas facile à mettre en place au début »
– Marion Desbordes, pharmacienne
Cependant, la professionnelle reste convaincue de l’utilité du dispositif: « Il y a un énorme intérêt dans les thérapies digitales en général, on le voit avec les femmes qui font leur suivi menstruel sur les applications ». Mais le coût peut aussi freiner certains utilisateurs, puisque l’abonnement est actuellement de 30 euros par mois. « Les patients sont intéressés, mais ne sont pas encore décidés à passer le pas. L’ Assurance Maladie n’en parle pas encore, ce n’est pas pris en charge, sauf par plusieurs mutuelles, ce qui fait que pour le moment, l’adoption est encore lente », ajoute Marion Desbordes.
Malgré ces obstacles, la start-up ne compte pas s’arrêter là. « On a rédigé un dossier pour obtenir le remboursement de cette thérapie et permettre à tous d’y accéder, y compris les étudiants », souligne Alexia Adda, co-fondatrice et CEO de KLAVA Innovation. Au-delà des thérapies digitales contre le tabac, elle ambitionne également le développement de solutions pour lutter contre les addictions au sucre et les troubles alimentaires. Des premiers pas encourageants vers la démocratisation des thérapies numériques en France.
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Crédit Image à la Une : KLAVA Innovation