Aujourd’hui, le réchauffement urbain est de plus en plus présent et risque de s’intensifier. Ce mois de juin est notamment devenu le plus chaud jamais enregistré sur terre, selon les données du programme de recherche européen Copernicus. Pour comprendre ces enjeux et y faire face, des scientifiques venus du monde entier se sont réunis le 3 juillet dernier à Lyon lors d’un symposium. L’objectif, échanger et proposer des solutions innovantes. Parmi ces dernières, la technologie du béton bioactif, utilisée pour végétaliser les murs d’habitation.
D’ici 2050, près de 70% de la population mondiale vivra dans les villes, soit 2,5 milliards de personnes supplémentaires. Un chiffre clé qui inquiète de nombreux scientifiques, notamment avec les températures qui ne cessent d’augmenter. Selon un rapport de l‘European Data Journalism Network, Lyon est déjà la métropole française la plus touchée par le réchauffement climatique. Au XXe siècle, la température annuelle moyenne de la ville était de 10,4 degrés, depuis les années 2000, elle est de 11,5 degrés soit une hausse de 1,1 degré. Cette surchauffe urbaine se manifeste par la détérioration de la qualité de l’air, mais aussi l’augmentation des températures due aux activités humaines et au remplacement des surfaces naturelles par des surfaces artificielles.
Pour faire face à ces montées de chaleur en ville, le centre Holcim, fournisseur de matériaux de construction, s’est penché sur la technologie du béton bioactif pour végétaliser les murs d’habitation et les démocratiser. Inventé dans les années 80, un mur végétal possède de nombreux avantages, en particulier en milieu urbain: diminution de la température en période estivale, purification de l’air, réduction de bruit… Cependant, il reste aujourd’hui peu utilisé en raison de son coût.
Objectif, démocratiser le mur végétalisé pour faire 3 en 1

Isabelle Dubois-Brugger explique le système d’irrigation du mur végétalisé. Crédit photo: Justine Magand
Pour rendre plus accessible l’utilisation d’un mur végétal, le centre Holcim s’est penché sur trois sujets clés de travail: « Nous nous sommes posé des questions sur la désimperméabilisation des sols, l’amélioration de la qualité de l’air et des matériaux qui absorbent », précise Isabelle Dubois-Brugger, responsable R&D au Holcim Innovation Center. L’installation d’un mur végétalisé, autrement appelé «living wall», requiert différents éléments: « Il faut d’abord une structure porteuse. Le mur est fait à base de béton. L’idée est d’avoir des murs autonomes et de se servir des eaux de pluie récupérées le long des bâtiments », ajoute Isabelle Dubois-Brugger.
« Il faut d’abord une structure porteuse. Le mur est fait à base de béton. L’idée est d’avoir des murs autonomes et de se servir des eaux de pluie récupérées le long des bâtiments »
– Isabelle Dubois-Brugger, responsable R&D au Holcim Innovation Center
Le béton est considéré comme bioactif car il possède des propriétés mécaniques conformes à ce qu’on attend pour un mur, mais conserve également une humidité suffisante pour permettre l’ancrage des plantes.
La problématique de la maintenance du mur
Un mur végétal est vivant, s’il constitue une bouffée d’air frais et de verdure dans la jungle urbaine, il doit être entretenu. La question des types d’espèces qui nécessitent le moins de maintenance s’est posée pour le fournisseur de matériaux. « On a mené une thèse sur le choix des plantes et travaillé avec des botanistes pour connaître les plantes les plus robustes», explique Isabelle Dubois-Brugger.

Isabelle Dubois-Brugger a présenté les résultats des analyses thermiques du mur végétalisé par comparaison au mur minéral. Crédit photo: Justine Magand
Une expérimentation qui a pris du temps et a été réalisée par les chercheurs d’abord sur un hiver, puis sur une année entière. Après avoir choisi les plantes, des caméras thermiques ont été utilisées sur les murs pour observer les effets de la végétalisation. Les résultats ont été concluants: « Nous avons comparé une structure minérale avec une structure végétalisée et avons constaté une différence de 4 à 5 degrés entre les deux », ajoute Isabelle Dubois-Brugger.
« Nous avons comparé une structure minérale avec une structure végétalisée et avons constaté une différence de 4 à 5 degrés entre les deux »
– Isabelle Dubois-Brugger, responsable R&D au Holcim Innovation Center
Cette expérimentation de murs végétalisés permet une nouvelle fois de montrer l’impact positif de ce dispositif dans la lutte contre le réchauffement urbain : le coût global est divisé par deux par rapport aux autres solutions existantes. Durant les jours de fortes chaleurs, principalement en août, cela permet de réduire naturellement les températures des habitats, sans recourir à une climatisation ou toute autre technologie coûteuse pour l’environnement.
À ce jour, une surveillance continue de l’évolution des murs est toujours en cours pour confirmer les résultats et les analyses effectuées.
Crédit Image à la Une : Justine Magand