La personnalisation dans le traitement des cancers progresse plus vite grâce à l’IA

La personnalisation dans le traitement des cancers progresse plus vite grâce à l’IA

Alors que le cancer continue de toucher de nombreuses personnes, les solutions pour y faire face ne cessent de progresser. L’IA constituerait un véritable levier pour une prise en charge plus rapide et précise contre cette maladie. C’est sur ce sujet que se sont penchés différents experts lors d’une table ronde le 3 décembre dernier.

Aujourd’hui, plus de 18 millions de  personnes sont atteintes par le cancer, première cause de mortalité chez l’homme et deuxième chez la femme selon Santé publique France. Pourtant, malgré ce chiffre alarmant, les traitements pour lutter contre cette maladie restent encore lourds et parfois inefficaces. L’IA apparaît comme une solution prometteuse pour accélérer les recherches et renforcer la personnalisation des traitements en oncologie. Un sujet au cœur des échanges organisés par Asterès et Pharmaceutiques.

Personnaliser la médecine

« L’oncologie est un sujet auquel l’IA contribue fortement. Il y a un phénomène de masses de données gigantesques, et l’oncologie entre dans l’ère personnalisée », c’est avec ces mots que Pierre Sanchez, directeur de Pharmaceutiques, entre dans le vif du sujet. 

En effet, les traitements en oncologie reposent de plus en plus sur l’analyse de données, ce qui permet d’être davantage précis.  « Avant, on parlait de cancer, désormais, il est question de différents types de cancers. On va avoir besoin d’étudier d’énormes populations pour les étudier de manière fine,  et l’IA va répondre à des questions précises et spécifiques », explique Alexandre Yazigi, chirurgien-oncologue et fondateur de Gimli. 

« Avant, on parlait de cancer, désormais, il est question de différents types de cancers. On va avoir besoin d’étudier d’énormes populations pour les étudier de manière fine,  et l’IA va répondre à des questions précises et spécifiques »

– Alexandre Yazigi chirurgien-oncologue et fondateur de Gimli

Selon les experts, il ne s’agit plus simplement de caractériser un organe,  mais surtout une tumeur ou un patient, et être le plus détaillé possible. L’idée est d’utiliser l’IA pour répondre à des questions spécifiques. « On va s’intéresser au profil du patient, à son histologie et à son parcours. Plus la donnée collectée est qualifiée, plus cela va améliorer le soin du patient », ajoute Alexandre Yazigi. 

Uniformiser de la donnée de qualité

Cependant, si l’utilisation de la donnée est essentielle pour les experts pour développer de nouvelles solutions en oncologie, elle manque encore de standards. « On ne peut pas penser la donnée au niveau d’un seul centre, ni même d’un pays. Il faut qu’il y ait une communication entre les villes et uniformiser selon les standards internationaux », précise Alexandre Yazigi, chirurgien-oncologue et fondateur de Gimli.

« On ne peut pas penser la donnée au niveau d’un seul centre, ni même d’un pays. Il faut qu’il y ait une communication entre les villes et uniformiser selon les standards internationaux »

– Alexandre Yazigi chirurgien-oncologue et fondateur de Gimli

Pour que ces outils fonctionnent, il faut de la donnée de qualité, mais cette dernière peut être difficile à acquérir, puisqu’elle est généralement bloquée dans les comptes rendus des hôpitaux . «L’IA peut être un bon moteur, mais il faut le nourrir avec une donnée de qualité, normée et exclusive. Si on entraîne pas l’IA avec de la donnée de qualité, ce qui va être restitué sera pauvre », ajoute Nicolas Wolikow CEO de Cure51. 

L’objectif d’avoir une donnée de qualité est surtout d’éviter les biais et d’assurer des résultats fiables et précis. « Notre donnée provient de 41 pays, notre premier travail c’est de consolider tout ça dans un ensemble homogène. Si on ne l’a pas, on ne peut rien reconstruire derrière », explique Nicolas Wolikow. 

Une intégration en bonne voie

Si l’IA fait face encore face à de nombreux défis dans le domaine de l’oncologie, notamment en matière de normalisation, son intégration semble être en bonne voie. « L’intégration n’est pas aussi compliquée qu’on le pense et constitue un espoir pour les professionnels. C’est une conduite du changement, il faut juste former les personnes », souligne Amaury Martin, directeur adjoint de l’Institut Curie. 

« L’intégration n’est pas aussi compliquée qu’on le pense et constitue un espoir pour les professionnels. C’est une conduite du changement, il faut juste former les personnes »

– Amaury Martin, directeur adjoint de l’Institut Curie

Une prise de conscience qui passe non seulement par les professionnels de la santé, mais aussi par les patients. « Les patients comprennent de plus en plus l’importance des données. Ils sont peu à refuser la récupération de leurs données et comprennent que c’est la clé de la recherche », ajoute t-il. Une utilisation déjà bien ancrée dans les pratiques. Au sein de l’Institut de recherche Curie, 20 personnes se consacrent à la gestion des données. Celles-ci sont principalement utilisées  dans les domaines de l’imagerie et la radiologie, permettant ainsi d’accompagner le médecin dans son travail. 

C’est sur une note d’espoir, mais aussi de conseils qu’Amaury Martin conclut la conférence. «Sortons de la centralisation: on ne sait pas penser autrement en France, pourtant il le faut. On doit faire dialoguer les centres de données et avoir des standards d’interopérabilité », termine l’expert.  

Pour aller plus loin:

L’IA est-elle compatible avec la santé durable?

Crédit Image à la Une : pixabay