Les Français ont fait fort, en proposant le spectacle le plus époustouflant de l’ère pour la cérémonie d’ouverture des Jeux olympiques de 2024, qui ne s’est pas déroulée dans une enceinte sportive comme le voudrait la tradition, mais bien sur la Seine, mettant en valeur toute la richesse architecturale et paysagère de son hôte, Paris. Cette édition envoûtante et épique, mêlant diversité, couleurs, danse, acrobatie, chant, émotion et technologies de pointe, est sans doute la plus grandiose à ce jour, et cela, grâce au génie et au talent des créateurs, artistes et partenaires qui y travaillent d’arrache-pied depuis des années. Livrant la marchandise avec brio, ils ont en effet compris que l’innovation était le meilleur allié face aux défis de logistique qui auraient pu avoir raison de leur audace. Du renforcement de la sécurité à l’optimisation des opérations, en passant par le transport adapté et décarboné, chaque outil de simulation, chaque logiciel de pointe, ainsi que chaque décision artistique ont été intégrés au détail près pour garantir à l’expérience de quelques heures son indélébilité dans la mémoire collective, donnant le ton pour la suite. Zoom sur les solutions innovantes d’entreprises comme EDF, Urbanloop, FinX, CILAS et Intel Corporation, qui ont contribué au succès de l’événement.
Une cérémonie d’ouverture inédite
Un public et des athlètes émus
Une flamme olympique volante 100 % électrique ; des capsules autonomes propulsées par l’IA pour transporter les fans ; des bateaux électriques dernier cri pour faire défiler les athlètes olympiques et paralympiques ; des scénographies et spectacles artistiques époustouflants, élaborés grâce à des logiciels de simulation ; des systèmes de vidéosurveillance avancés pour une sécurité ultra renforcée… Comment rester de marbre face aux décors tricolores et tableaux animés? Aux danseurs, jets d’eau et jeux de lumières, dignes des plus grandes productions cinématographiques? Aux moyens déployés pour assurer les flux de déplacement dans l’esprit des festivités, de façon harmonieuse avec le site et soucieuse de l’environnement et de l’inclusion des personnes à mobilité réduite?
« De toutes les cérémonies d’ouverture olympiques auxquelles j’ai pris part, que ce soit comme athlète ou comme spectatrice, c’est de loin la plus spectaculaire (…) Même la pluie y ajoutait quelque chose de magique. »
– Jacqueline Simoneau, nageuse artistique canadienne et multi-olympienne
Conquise, la nageuse artistique canadienne Jacqueline Simoneau en est restée bouche-bée. « Ça s’est merveilleusement bien déroulé. De toutes les cérémonies d’ouverture olympiques auxquelles j’ai pris part, que ce soit comme athlète ou comme spectatrice, c’est de loin la plus spectaculaire. Tous les athlètes sur place ont vraiment apprécié. Même la pluie y ajoutait quelque chose de magique. Avec la tour Eiffel, et Céline Dion qui était là, on n’aurait pu demander mieux ! », a commenté la championne de natation artistique, interpellée par CScience quelques heures après avoir assisté au spectacle.
Tout comme la diva, la nageuse de 27 ans aura bien fait de choisir les JO de Paris pour faire son retour très attendu dans le feu de l’action. Actuellement étudiante au doctorat en médecine podiatrique à l’Université du Québec à Trois-Rivières (UQTR), Mme Simoneau, qui a récolté six médailles lors de la dernière Coupe du monde, avait pourtant annoncé sa retraite après les JO de Tokyo, en 2021. Aujourd’hui, elle peut se targuer de vivre ses troisièmes Jeux olympiques en nage artistique, portée par l’effervescence et l’unité collective qui animent encore la foule parisienne depuis le succès de la cérémonie.
Une rencontre de « génie »
Il aurait suffit d’assister à l’une des séances de brainstorming menées en présence du président du Comité international olympique (CIO), Thomas Bach, et des cerveaux derrière ce grand déploiement, pour comprendre qu’on n’accouche pas d’une telle merveille sans préparation ni prise de risque.
Ils étaient six à former le noyau de cette équipe de choc : le président du comité d’organisation de Paris 2024, Tony Estanguet, le directeur artistique de la cérémonie, Thomas Jolly, son directeur exécutif, Thierry Reboul, la créatrice à la direction artistique des costumes, Daphné Bürki, le compositeur à la direction musicale, Victor le Masne, et la directrice des chorégraphies, Maud Le Pladec, pour ne nommer que ceux-là.
« Nous nous sommes très bien entendus, [Thomas Jolly] est un génie! »
– Thomas Bach, président du CIO
« Elle s’appelle ‘Révolution’, cette cérémonie », lance Thomas Jolly dans le documentaire consacré aux coulisses de l’événement, La grande Seine, offert gratuitement sur ICI Tou.tv au Canada, sinon sur la plateforme des JO avec quelques restrictions. « [Une] révolution sans guillotine! », de compléter l’autre Thomas [Bach], repoussé dans ses retranchements pour voir « jusqu’où [il peut] pousser l’innovation ». Pour le grand patron, la collaboration s’est voulue aussi fluide que fructueuse : « Nous nous sommes très bien entendus, [Thomas Jolly] est un génie! »
L’innovation : la promesse d’une livraison sans faute
Le défi était notamment de « construire, sur 12 km de quais, un stade de 100 000 places, dans un endroit qui est tout sauf le stade de France », rappelle Thierry Reboul dans la foulée des préparatifs. On aurait compté près d’une centaine d’écrans géants, rien que sur les six km de quais entre le pont d’Austerlitz et celui de Iéna, et des dizaines de péniches et de bateaux, dont plusieurs issus de start-up innovantes de l’industrie des véhicules électriques, pour transporter 10 500 athlètes lors du défilé.
1. Des logiciels de pointe pour avoir tout sous contrôle
Pour créer la scénographie, et reproduire virtuellement certaines conditions météo, des logiciels et systèmes sophistiqués de simulation, impliquant le jumeau numérique de Paris, auront été d’un grand soutien pour organiser la cérémonie, s’avérant d’autant plus utiles qu’il a fallu composer avec l’un des pires scénarios météorologiques anticipés. C’est dans une pièce protégée par un code, et à laquelle seuls trois membres de l’équipe dont Thomas Jolly ont accès, qu’il est possible de simuler la cérémonie en 3D. « Je peux décider que le soleil se lève, qu’il fasse un très beau temps (…) on peut se promener dans tout Paris (…) faire entrer les athlètes sur la Seine, dans ces bateaux mouches iconiques, c’est ultra spectaculaire », décrit le directeur artistique, en vaquant à sa navigation dans l’espace simulé.
Pour lutter contre la désinformation et les abus sur le web, le CIO a annoncé qu’il sollicitait l’IA pour générer du contenu varié : « (…) nous prévoyons environ un demi-milliard de publications dans les médias sociaux pendant cette édition des Jeux. L’IA sera également utilisée pour créer des vidéos dans plusieurs formats et dans plusieurs langues pendant les Jeux. Nous utilisons également l’IA pour rendre les Jeux olympiques plus responsables, notamment grâce à un système très sophistiqué de saisie de données et de gestion de l’énergie. »
2. Des embarcations électriques dernier cri
Les organisateurs avaient aussi clairement fait connaître leurs intentions d’introduire davantage de technologies vertes pour favoriser les déplacements optimaux et écologiques, afin de limiter la pollution occasionnée par ce grand rassemblement, mais aussi de réduire la consommation d’énergie.
Parmi les 85 embarcations retenues pour la cérémonie, on comptait des modèles électriques comme « Imagine », développé par FinX et créé par Harold Guillemin en 2019. L’entreprise FinX, qui se spécialise dans la fabrication de moteurs à nageoires bio-inspirés, électriques et sans hélice, présente Imagine comme étant le « premier bateau à nageoires au monde » qui soit aussi « biosourcé, accessible aux personnes à mobilité réduite et made in France ».
3. L’Urbanloop pour décarboner les déplacements
La capsule autonome française décarbonée baptisée « Urbanloop » fait aussi partie des innovations testées aux JO de Paris. Conçue sans batterie, elle s’alimente par des rails en très basse tension, via un contact glissant. Ayant battu le record du monde de moindre consommation énergétique pour un véhicule autonome sur rails homologué par Certifer, le 28 mai 2021, avec 0.047 kWh/km, la navette autonome est pilotée par des algorithmes d’intelligence artificielle.
L’Urbanloop a pour objectif de permettre à un grand groupe de passagers de partir d’un point de convergence névralgique, et de se rendre aux différents endroits de destination établis. Aux JO, elle a pour mission de relier un stationnement de l’Île-de-Loisirs de Saint-Quentin-en-Yvelines à une zone pour fans sportifs, et d’y assurer les flux de transport.
6. Une flamme « 100 % électrique »
Et comment ne pas s’éblouir devant la flamme ardente, qui brûlait sans combustible, alors que Marie-José Pérec et Teddy Riner, dans les jardins des Tuileries, ont procédé à l’allumage de la vasque olympique, pour faire flotter son ballon gigantesque, 60 m au-dessus de la capitale? Imaginés par le designer français Mathieu Lehanneur, la Vasque de Paris et son ballon font 30 m de hauteur, tandis que son anneau-flamme mesure 7 m de diamètre.
« Grâce à une innovation signée EDF, la vasque de Paris 2024 brille pour la première fois avec une flamme 100% électrique. Cette ‘révolution électrique’ a été rendue possible grâce au travail titanesque réalisé par nos équipes et le designer Mathieu Lehanneur », relate Luc Rémont, PDG d’EDF, dans un communiqué. « Nous avons de l’eau qui est envoyée sous pression dans la vasque, ça sort par de la brumisation. Vous pouvez voir ce genre d’installation en ville, explique à RMC Sport Axel Morales, designer au sein de l’équipe EDF. C’est un nuage. On vient le ventiler pour donner une sculpture, et puis on éclaire tout ça avec une lumière pour que ce soit visible, de jour comme de nuit. »
4. Les solutions d’Intel pour les spectateurs de tous profils et horizons
Les solutions d’Intel, grand joueur impliqué dans le déploiement de solutions d’intelligence artificielle aux JO, facilitent également les déplacements pour les personnes malvoyantes, souhaitant vivre une expérience en présentiel, en s’appuyant sur l’IA construite sur Intel Xeon, des modèles 3D du Centre de Haute Performance de l’Équipe USA à Paris, et du siège du Comité International Paralympique à Bonn, en Allemagne, permettant une navigation intérieure et vocale via une application sur le téléphone intelligent. En d’autres mots, les personnes malvoyantes peuvent scanner leur environnement grâce à leur téléphone, et bénéficier d’indications via une assistance vocale intégrée pour optimiser leurs déplacements aux JO.
5. Des systèmes de surveillance pour une sécurité accrue dès le jour J
On a annoncé que, bien que controversée, l’expérimentation de la vidéosurveillance algorithmique (VSA) serait sollicitée pour capter et analyser en direct des images visant à reconnaître des événements prédéfinis (oubli de badges, achalandage, mouvements de foule, etc.), puis à envoyer aux opérateurs des alertes afin d’orienter leurs décisions.
On a notamment pensé à se doter d’équipements de pointe sollicitant le rayon laser, pour détecter la menace aérienne. Le Comité d’organisation a choisi de faire affaire avec la compagnie CILAS, pionnière du laser en France, pour solliciter sa solution anti-drone baptisée « HELMA-P », qui repère les cibles inquiétantes dans le ciel en plein vol, et les fait brûler à plus de 1 500 degrés.
D’autres innovations intégrées aux JO, pour la compétition
En marge de la cérémonie, les projets innovants déployés pour cette édition s’étendent aux compétitions auxquelles prendront part les athlètes, et à la manière de permettre aux milliards de spectateurs des quatre coins du monde d’apprécier leurs performances.
Des technologies immersives
Les technologies innovantes joueront un rôle de premier plan dans l’amélioration de l’expérience des fans et spectateurs, notamment grâce aux plateformes technologiques donnant dans la 5G, le développement de contenu en réalité virtuelle, 3D et 360 degrés, l’intelligence artificielle, et le soutien aux drones et caméras captant les performances sportives.
Une étude du Capgemini Research Institute révèle que 69% des fans de sports préfèreraient regarder les matchs et performances sportives en dehors du lieu de performance, et surtout les plus jeunes générations.
Les applications d’Intel, alimentées par ses processeurs et solutions logicielles, permettront justement de créer des expériences immersives et interactives « pour emmener les spectateurs en voyage et dans la peau d’un athlète olympique », peu importe leur emplacement géographique. La compagnie promet « de nouveaux niveaux d’interaction, de connectivité et de mobilisation des fans » dans le cadre de sa collaboration avec le CIO.
Grâce à des algorithmes d’apprentissage automatique, les plateformes de diffusion d’Intel pourront offrir aux téléspectateurs des contenus adaptés à leurs préférences, comme des angles de caméra choisis, des statistiques en temps réel et des analyses approfondies des performances. Ces technologies permettront également d’engager davantage les fans, grâce à des réalités augmentées et virtuelles, qui les placeront au cœur de l’action.
69% des fans de sports préfèreraient regarder les matchs et performances sportives en dehors du lieu de performance
– Capgemini Research Institute
Paris 2024 est donc la première édition des Jeux olympiques à utiliser les processeurs Intel Xeon pour présenter une expérience de diffusion en continu en 8K de bout en bout, renforçant l’avenir de la diffusion en continu en résolution 8K et à faible latence sur Internet. Les serveurs de diffusion alimentés par les derniers processeurs Intel Xeon Scalable, avec la technologie Intel® Deep Learning Boost, encodent et compressent le signal en direct produit par le service de diffusion olympique. Un signal en 8K est alors envoyé aux derniers PC et ordinateurs portables basés sur Intel, connectés à des téléviseurs 8K, en quelques secondes. Des téléspectateurs de partout dans le monde peuvent ainsi profiter des actions olympiques à travers une expérience de diffusion en continu haute résolution, de la meilleure qualité de diffusion possible, proposant du contenu numérique plus personnalisé.
Des sols sportifs réutilisables
En tant que fournisseur des terrains sportifs intérieurs pour les épreuves de volleyball, de handball et de basket des JO de Paris 2024, le groupe lyonnais Gerflor, spécialisé dans les revêtements de sols, s’inscrit dans la liste des partenaires de choix visant à réduire l’empreinte carbone de cette édition, ses sols contenant en moyenne 40% de matériaux recyclés et 100% recyclables. L’entreprise a annoncé que 100% des sols sportifs utilisés pendant les Jeux de Paris (plus de 30 000 m2 de surface) seraient réemployés dans des établissements sportifs ou scolaires après la compétition.
Crédit Image à la Une : Réseaux sociaux et image générée avec Microsoft Designer
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