Le groupe immobilier Novaxia et le cabinet d’audit et de conseil EY publient une étude sur les attentes immobilières dans les métropoles françaises. Avec une offre en hausse de 12 % et des ventes en recul de 3 %, le territoire lyonnais est en pleine mutation et semble placer la mixité sociale au centre de sa politique immobilière. Décryptage.
Dans la dernière enquête réalisée par Novaxia et EY, 73 % des élus interrogés ont spontanément évoqué la notion de mixité sociale. Un enjeu placé dans la plupart des cas avant toutes les autres préoccupations exprimées par les représentants des quatre principales métropoles françaises – Île-de-France, Aix-Marseille, Lyon et Toulouse. Dans la Métropole de Lyon, cette volonté de faire co-exister sur un même espace des classes et groupes sociaux aux caractéristiques diverses se traduit à plusieurs échelles.
Une évolution dans l’espace habitable
À commencer par la superficie des logements. Les élus priorisent la construction de petits logements (du T1 au T3) afin de s’adapter au pouvoir d’achat des clients et aux mutations de la démographie urbaine – diminution de la taille des ménages et augmentation des familles monoparentales notamment.
Sur ces petites surfaces, la production de logements de qualité permet de garantir la mixité sociale et générationnelle et convient aux logements étudiants.
Cependant, les élus souhaitent aussi des logements familiaux, surtout dans certains quartiers centraux où les familles ne peuvent plus se loger et où certaines écoles voient des classes fermer.
« Les décideurs interrogés ont exprimé la volonté de voir plus de mixité, plus de nature en ville avec moins de densité » explique à propos de la politique immobilière des élus métropolitains Joachim Azan, président-fondateur de Novaxia.
« Les décideurs interrogés ont exprimé la volonté de voir plus de mixité, plus de nature en ville avec moins de densité »
— Joachim Azan, président-fondateur de Novaxia
Côté locaux professionnels, l’étude fait aussi état d’une demande d’immobilier tertiaire dans les métropoles régionales, avec une offre abordable pour les start-up et les acteurs de l’ESS (économie sociale et solidaire).
Un facteur d’acceptation des projets immobiliers
Cette politique immobilière de mixité sociale est même devenue un élément déterminant dans l’approbation des constructions immobilières. À ce titre, le Bail Réel Solidaire (BRS), ouvert aux ménages dont les revenus ne dépassent pas le plafond du prêt social location-accession (PSLA), est un outil redoutable. Il permet de développer des logements accessibles au plus grand nombre, et ainsi de diversifier les catégories socioprofessionnelles ciblées au sein d’un même immeuble.
À Lyon, le BRS se présente comme une stratégie de soutien face à la baisse de construction (- 31 % au 1er trimestre 2023). En atteste les chiffres du rapport : les ventes nettes de logements en BRS sont en progression de 71 % en 2023. Malgré une cible annuelle de construction de 8 000 à 8 500 logements collectifs, seulement 6 400 ont été lancés en 2022.
« La métropole a donc mis en place une stratégie de soutien via les baux réels solidaires (BRS), le Prêt Locatif Social (PLS) et le logement locatif intermédiaire (LLI), avec un objectif de 1 000 nouveaux logements BRS annuels d’ici 2026 » précise l’étude.
Une politique qui convoque l’innovation
Enfin, le rapport souligne que certains modèles évoqués par les intervenants reposent sur l’intervention d’acteurs innovants : ces derniers vont venir se positionner comme tiers investisseurs pour financer une infrastructure sans devenir le propriétaire du logement concerné.
Les plateformes de sociofinancement, à l’image de la jeune pousse lyonnaise La Première Brique, prétendent soutenir cette politique de mixité sociale dans l’immobilier. « À nous, acteurs de l’immobilier, de relever le défi en déployant des solutions ingénieuses et innovantes. » commente le président de Novaxia.
Le projet mixte M +, en construction sur l’emplacement de l’ancienne Tour M+M, souhaite incarner ce nouveau modèle de bâtiment. Récupération des eaux grises des logements pour alimenter les toilettes de bureaux, éclairage 100 % LED, ventilation naturelle…
Cet édifice situé en plein cœur du quartier de la Part-Dieu proposera dès septembre 2026 36 logements (abordables car appartenant au bailleur social Alliade Habitat) répartis sur six étages, juste au-dessus de 25 300 m2 de bureaux sur sept niveaux avec prestations collectives (amphithéâtre, conciergerie, espace coworking, espace réception…) et 2000 m2 de commerces au rez-de-chaussée. Ici encore, le « M » du projet cache, entre autres, le mot « mixité ».
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Des solutions technologiques en réponse à la crise de l’immobilier
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