C’est l’été. On sait, il fait chaud. Vous êtes à deux doigts d’acheter une clim ? Hold on ! En juillet et en août, Laurie vous propose une mini-série sur les alternatives low-tech aux systèmes de climatisation dans votre logement, du niveau facile au niveau expert. Une touche de fraîcheur à retrouver un vendredi sur deux sur CScience. Cette semaine, c’est une « fresh touch » niveau intermédiaire, avec… une couverture de survie.
Un pare-soleil climatiseur, késako ?
Un pare-soleil climatiseur fait-maison, c’est une couverture de survie posée sur vos fenêtres. Tout simplement. Cette technique facile à réaliser et peu coûteuse est proposée par le Low-tech Lab, un programme collaboratif accessible gratuitement en ligne dont la vocation est de documenter et de diffuser des technologies à faible émission de CO2. « La chaleur, sous sa forme de rayonnement infrarouge, se transmet comme la lumière : en ligne droite, à 300 000 km/s, et elle peut être absorbée ou réfléchie, comme avec un miroir. », décrit l’auteur du tutoriel sur le Low-tech Lab.
« La chaleur, sous sa forme de rayonnement infrarouge, se transmet comme la lumière : en ligne droite, à 300 000 km/s, et elle peut être absorbée ou réfléchie, comme avec un miroir. »
— Auteur anonyme du tutoriel sur le Low-tech Lab
En venant coller une couverture de survie sur vos fenêtres, celle-ci va réfléchir les rayons du soleil à l’extérieur de la vitre et limiter la montée de la température dans votre logement, jusqu’à cinq degrés en moins. Muni d’une couverture de survie, de ciseaux, d’une règle longue et d’un marqueur, seulement cinq étapes – prises de mesure, traçage, découpe, mise en position, finalisation – sont nécessaires pour la mise en place de ce climatiseur low-tech. À répéter sur toutes vos fenêtres, particulièrement celles exposées à l’est et à l’ouest. D’ailleurs, cette solution existe déjà, et vous l’avez sûrement utilisée : c’est le même principe que les pare-soleil en aluminium qu’on met sur le pare-brise de notre voiture en été !
L’avis d’un expert en low-tech
Une solution plutôt facile à réaliser chez soi et qui a fait ses preuves. Guénolé Conrad, coordinateur de projets au Low-tech Lab, le confirme : « C’est une idée très basique qui permet d’éviter de faire monter la température dans son logement, là où de simples volets ou rideaux vont absorber la chaleur ».
S’il ne la pas testée personnellement, cette solution low-tech figure parmi une multitude d’autres techniques, méthodes ou encore modes d’organisation répondant à des besoins essentiels proposés par des centaines d’internautes sur la plateforme collaborative du Low-tech Lab.
L’auteur du tutoriel sur le pare-soleil climatiseur rappelle d’ailleurs les effets néfastes d’un système de climatisation classique : « Ceux-ci utilisent un gaz réfrigérant (HFC) [pour hydrofluorocarbures], dont les fuites et le largage dans l’atmosphère en fin de vie contribuent à l’effet de serre.
De plus, ces climatiseurs fonctionnent à l’électricité, qui dans la plupart des pays est encore largement produite à partir d’énergie fossile, ce qui rejette dans l’atmosphère d’importantes quantités de CO2 ». Un cercle vicieux qu’il qualifie de « rétroaction positive » – plus il fait chaud, plus on climatise, plus on émet de gaz à effet de serre, et plus il fait chaud – que le pare-soleil climatiseur pourrait freiner.
« C’est une idée très basique qui permet d’éviter de faire monter la température dans son logement, là où de simples volets ou rideaux vont absorber la chaleur »
— Guénolé Conrad, coordinateur de projets au Low-tech Lab
Efficacité de 0 à 5
Selon Guénolé Conrad, ce pare-soleil est bel et bien efficace, bien que la notion de « climatiseur » soit un peu excessive : « L’effet climatisant n’est pas comparable à une climatisation électrique qui va véritablement rafraîchir la pièce, mais c’est une mesure de bon sens appliquée par beaucoup de personnes et qui a fait ses preuves ». Il explique que cette solution s’inscrit dans le principe même des low-tech, qui consiste à se réapproprier des savoir-faire utilisés depuis des décennies et à les remettre au goût du jour avec des matériaux plus modernes.
« La différence avec la high-tech, c’est que ces solutions sont accessibles au plus grand nombre et elles respectent les ressources limitées de notre planète », souligne Guénolé Conrad. En six ans de mission au Low-tech Lab, il a notamment coordonné l’expédition du Nomade des Mers, un voilier qui a permis de recenser et partager des solutions low-tech issues d’une trentaine de pays. Ce travail de documentation est détaillé dans une série documentaire Arte, « Nomade des Mers, les escales de l’innovation », rediffusée cet été.
« La différence avec la high-tech, c’est que ces solutions sont accessibles au plus grand nombre et elles respectent les ressources limitées de notre planète »
— Guénolé Conrad, coordinateur de projets au Low-tech Lab
Alors ce sera un 3,5/5 pour cette technique bon marché et facile à mettre en oeuvre qui, combinée à une aération aux heures les plus fraîches, limitera la chaleur dans votre logement et retardera l’achat d’une climatisation électrique, très néfaste pour l’environnement et d’autant plus au lendemain du jour de dépassement de la Terre.
Pour la prochaine Fresh Touch, on parlera d’un climatiseur à base de bouteilles recyclées.
La Fresh Touch précédente :
[Fresh Touch] Niveau facile : Faire un îlot de fraîcheur chez soi
Crédit Image à la Une : Low-tech Lab