L’inauguration de l’Académie de l’OMS ce mardi à Gerland confirme la place de leader mondial que la région de Lyon cultive depuis plusieurs années dans le domaine de l’innovation en santé.
Lyon était au centre de l’échiquier médical international cette semaine, puisque s’y tenait le premier festival de la santé mondiale, une manifestation ouverte au grand public et unique en son genre ainsi que l’inauguration, en plein coeur du BioDistrict de Gerland, de l’Académie de l’Organisation mondiale de la santé (OMS).
Bien que déjà opérationnelle, puisqu’elle fonctionne avec 5 000 apprenants de 171 pays, cette institution internationale destinée à devenir un centre de formation continue pour les soignants du monde entier a ouvert officiellement ses portes en présence du Directeur général de l’OMS, Tedros Adhanom Ghebreyesus et du chef de l’Etat. Une annonce majeure compte tenu des enjeux sanitaires actuels.
Une démarche d’innovation indispensable
L’OMS évalue à 18 millions le manque actuel de personnels de santé à travers le monde. Cette nouvelle académie estime être en mesure de former 3 millions de soignants d’ici 2028 dans 172 pays, sur place et à distance. Objectif ambitieux, mais il convient de l’être en la matière.
Car l’urgence face à la pénurie croissante de personnel soignant est bien réelle ; pénurie qui rend d’autant plus aigus les prochains défis sanitaires, en particulier celui posé par la résistance aux anti-microbiens. Une des menaces globales les plus inquiétantes et qui appelle d’ores et déjà une anticipation d’envergure, si l’on en croit l’OMS ainsi qu’un certain nombre de microbiologistes.
« Confronter les personnels soignants du monde entier à la réalité virtuelle, l’intelligence artificielle ou des plateformes numériques est désormais un prérequis indispensable. »
Il est dès lors indispensable de former le personnel médical du monde entier aux dernières avancées de la médecine. Encore trop de soignants dans leurs pratiques quotidiennes ignorent l’usage des nouvelles technologies. Comme l’a rappelé à juste titre le directeur général de l’OMS ce mardi, « les méthodes traditionnelles, telles que les cours dans des salles de classe, ne peuvent plus répondre seules à l’ampleur des besoins futurs ».
Pour répondre à ces exigences, l’OMS a doté son académie d’un centre de réponse d’urgence factice et d’un immense plateau pour des exercices de simulation. Confronter les personnels soignants du monde entier à la réalité virtuelle, l’intelligence artificielle ou des plateformes numériques est désormais un prérequis indispensable. Emmanuel Macron a d’ailleurs émis le souhait de voir naître à Lyon « un incubateur des solutions de santé permises par l’intelligence artificielle » afin de permettre « d’accélérer les protocoles de recherche avec les meilleurs acteurs » du secteur.
C’est en effet plus que nécessaire pour prévenir adéquatement des pandémies, améliorer la couverture sanitaire universelle, et renforcer les compétences des travailleurs de santé dans tous les pays et en particulier dans les pays en développement.
Les acteurs du secteur médical se mobilisent pour rendre les produits de santé plus durables
Lyon renforce sa place centrale
A ce titre, la métropole de Lyon tire son épingle du jeu. La ville, qui s’est engagée activement aux côtés de l’OMS en apportant un soutien financier significatif pour la réalisation de cette académie, illustre la volonté de nos décideurs locaux de renforcer la place de la santé sur notre territoire et l’ambition de la faire rayonner à l’international. On ne peut que saluer cet engagement.
La région lyonnaise, pionnière dans le domaine de la santé, consolide ainsi son écosystème de recherche et d’innovation. Soulignons que l’Académie sera notamment voisine du Centre International de Recherche sur le Cancer (CIRC), à Gerland. Une manière d’affirmer un leadership fort en matière de prévention médicale.
D’autant plus qu’à l’instar de son biocluster d’infectiologie, notre métropole se distingue déjà sur le plan mondial dans la biofabrication, autrement dit la maîtrise des fabrications des produits de santé. Le chef de l’Etat a d’ailleurs eu raison de rappeler mardi que le paracétamol était produit à « quelques kilomètres de là », faisant référence au laboratoire Benta, à Saint-Genis Laval,
« Lyon montre le chemin d’une mobilisation absolument nécessaire pour la santé mondiale. »
Il faut dire que les acteurs locaux, qu’il s’agisse de la Région, de la Métropole, de la Ville, mais aussi de l’Etat via la préfecture, ne ménagent pas et savent coordonner leurs efforts dans le domaine depuis des années. Elles le font de concert avec les entreprises qui ont l’audace d’investir. On pense en particulier à la famille Mérieux, mais aussi Sanofi, Johnson & Johnson, ou bien encore Boehringer Ingelheim.
Emmanuel Macron a eu raison d’affirmer que « cette académie est l’épicentre d’un réseau à travers le monde ». Oui, Lyon montre le chemin d’une mobilisation absolument nécessaire pour la santé mondiale. D’autant plus nécessaire que la nouvelle administration américaine ne cache pas son hostilité marquée vis-à-vis de l’OMS. Le combat risque d’être rude.
Mais Lyon, à travers l’Histoire, a toujours su monter qu’elle était un haut lieu de toutes les résistances.
Crédit Image à la Une : OMS