[ÉDITORIAL] : L’IA, le nouveau collègue de bureau préféré des Français ?

L’IA semble de plus en plus plébiscitée par les travailleurs français. Mais cet engouement massif ne doit pas masquer un usage encore anarchique d’un outil qui demeure disruptif pour les gestionnaires d’entreprises. 

Un article de notre journaliste Laurie Bruno a mis en évidence cette semaine un chiffre qui a de quoi remettre en perspective les peurs avérées ou fantasmées vis-à-vis de l’intelligence artificielle.

Si l’on en croit la récente enquête réalisée auprès de 4 000 employés et dirigeants de diverses fonctions et industries à travers le monde par le fournisseur de logiciels d’entreprise Freshworks et dévoilée en décembre dernier, ce sont en effet 92 % des travailleurs qui souhaiteraient déléguer une partie de leur journée de travail à l’IA.

92 %… autrement dit, quasiment tous les professionnels sondés.

L’IA plébiscitée au travail par les Français

Notre journaliste rapporte que, selon cette étude, l’intelligence artificielle présente aux yeux des employés l’avantage d’offrir plus de temps pour se concentrer sur des activités stratégiques qui génèrent plus de résultats. Autre point sur lequel les salariés Français interrogés semblent unanimes : parmi ceux utilisant déjà l’IA, 99 % déclarent que la technologie leur permet de récupérer du temps dans leur journée de travail.

« (…) comme il n’existe pas de solution unique pour expérimenter l’IA, il y a autant de manières de l’intégrer et de l’adopter qu’il y a de métiers et de départements différents concernés au sein de l’entreprise. »

La France où, toujours selon cette enquête, près d’un employé sur deux se satisfait d’une intelligence artificielle qui “lui apporte davantage“, 35 % affirmant même qu’ils ne pourraient plus “jamais gérer leur charge de travail sans elle“. Bref, du grand amour.

Exagérés ou pas, ces chiffres semblent confirmer que l’état d’esprit au travail n’est plus guidé par la crainte mais bien par l’adhésion au potentiel qu’apporte l’IA, même si les tenants et les aboutissants de son utilisation ne sont pas toujours totalement maîtrisés. Il faut sans doute mettre cet engouement sur le compte du phénomène ChatGPT, qui a popularisé de manière spectaculaire l’usage de l’IA générative l’an dernier.

IA au travail : Les Français en réclament davantage

Encore des freins à lever

Le fossé reste cependant grand entre l’idéal projeté et les usages observés sur le terrain. Ne serait-ce qu’en terme de maîtrise de l’outil, quand on constate que seules 19% des entreprises françaises parviennent à péniblement recruter des employés possédant toutes les compétences numériques recherchées.

A ce titre les grandes entreprises s’en sortent mieux que les PME, puisqu’elles ont investi massivement depuis plusieurs années dans la formation continue pour que leurs employés adoptent adéquatement les outils d’IA. Une formation qui prend bien souvent la forme d’une expérimentation in situ ; un apprentissage basé sur un usage incrémental, par palier, avec la possibilité d’essais et d’erreurs. Bref, loin de la théorie, la pratique majoritaire reste encore celle de l’apprenti sorcier.

Et comme il n’existe pas de solution unique pour expérimenter l’IA, il y a autant de manières de l’intégrer et de l’adopter qu’il y a de métiers et de départements différents concernés au sein de l’entreprise ; les équipes ont donc le grand privilège de découvrir par elles-mêmes et par l’usage les vertus réelles ou les vices cachés de l’IA dans leur pratique quotidienne. Ce qui n’est pas forcément du goût des gestionnaires pour les questions de sécurité et de cohérence qu’il n’est pas difficile d’imaginer.

Autrement dit, comme tout nouveau collègue accueilli au sein d’une équipe, les travailleurs français apprennent à connaître le véritable visage de l’IA à force de le côtoyer. A la seule mais non moins notable différence que l’IA ne leur imposera sans doute pas ses anecdotes de week-end à la montagne le lundi matin à la machine à café. Que demander de plus ? Vive le progrès !

Pour aller plus loin :

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Crédit Image à la Une : Midjourney