Annoncé le 6 novembre dernier, la startup deeptech Ablatom lance pour la première fois son microscope LIBS biomédical au CHU Grenoble Alpes. La technologie basée sur l’utilisation d’un laser permettrait d’aider au diagnostic des patients exposés à des produits chimiques, mais aussi le développement de potentielles nouvelles radiothérapies ciblées contre le cancer.
Avec sa taille imposante et son format cubique, difficile de réellement y voir un microscope au premier regard. Pourtant, en s’approchant , il est bien visible dans la vitrine transparente. Cet appareil, fabriqué par la deeptech lyonnaise Ablatom, est spécialisé dans la technologie LIBS. Un acronyme qui ne vous dit probablement rien, mais dont l’innovation est pourtant bien utilisée, notamment dans les laboratoires de recherche.
Cette technique analytique, basée sur l’utilisation d’un laser, sert généralement à déterminer la composition élémentaire d’un matériau. Acquise pour la première fois en milieu hospitalier au CHU de Grenoble, elle permet une analyse précise et rapide des éléments chimiques contenus dans les tissus humains. Une avancée qui pourrait non seulement améliorer le diagnostic des maladies liées à l’exposition à des agents toxiques, comme le cancer, mais aussi accélérer la compréhension de ces pathologies.
Révéler la composition chimique
Le terme LIBS, qui signifie en anglais « Laser Induced Breakdown Spectroscopy » correspond en français à la spectroscopie de plasma induit par laser. « On utilise une impulsion laser brève pour enlever la composition liquide d’une matière qui va conduire à la formation d’un plasma qui va émettre des couleurs. En fonction de ces dernières, on va pouvoir dire de quelle espèce il s’agit », explique Florian Trichard, cofondateur et CEO d’Ablatom.
« On utilise une impulsion laser brève pour enlever la composition liquide d’une matière qui va conduire à la formation d’un plasma qui va émettre des couleurs. En fonction de ces dernières, on va pouvoir dire de quelle espèce il s’agit »
– Florian Trichard, cofondateur et CEO d’Ablatom
Cette technologie optique permet ainsi de révéler la composition chimique de la matière. Grâce à l’utilisation d’un microscope, la résolution obtenue sera la plus fine possible. « On fait de la micro-LIBS, c’est-à-dire qu’on fait passer le faisceau dans un microscope. On va pouvoir faire de l’imagerie chimique, de la cartographie et faire de très belles images », souligne Florian Trichard.
Utilisée pour la première fois en milieu médical, cette innovation pourrait changer de nombreux aspects dans l’expérimentation préclinique. « Il s’agit d’une première mondiale et de la première fois en milieu hospitalier. Jusque là on s’en servait dans le biomédicale pour les laboratoires de recherche », ajoute Florian Trichard.
De potentielles nouvelles radiothérapies ciblées
Cette résolution extrêmement fine pourrait ouvrir la voie à de nouvelles solutions thérapeutiques pour lutter contre le cancer. « Aujourd’hui, la chimio et la radiothérapie sont des thérapies pour tuer toutes les cellules, ici, l’objectif est de venir greffer ces solutions sur la tumeur pour éliminer uniquement cette dernière et non pas les cellules saines », précise Florian Trichard, cofondateur et CEO d’Ablatom.
« Aujourd’hui, la chimio et la radiothérapie sont des thérapies pour tuer toutes les cellules, ici, l’objectif est de venir greffer ces solutions sur la tumeur pour éliminer uniquement cette dernière et non pas les cellules saines »
– Florian Trichard, cofondateur et CEO d’Ablatom
À terme, cette approche permettrait d’améliorer la réémission des patients concernés en réduisant les effets secondaires généralement associés aux traitements traditionnels, comme la chimiothérapie ou la radiothérapie. Actuellement, des essais précliniques sont en cours pour analyser la biodistribution des tissus chez les souris, avant de les tester chez l’homme.
La reconnaissance de maladie
Mais au-delà du développement de nouvelles solutions en radiothérapie, la technologie LIBS devrait aider à diagnostiquer plus rapidement les maladies de patients exposés à des risques environnementaux. « On a eu un patient qui a subi une double greffe pulmonaire. La technique conventionnelle n’a rien révélé alors que l’utilisation du micro-LIBS a montré une surcharge en élément silicium. On a pu trouver la cause de la maladie et le patient a pu avoir la reconnaissance de maladie professionnelle », explique Florian Trichard.
« On a eu un patient qui a subi une double greffe pulmonaire. La technique conventionnelle n’a rien révélé alors l’utilisation du micro-LIBS a montré une surcharge en élément silicium. On a pu trouver la cause de la maladie et le patient a pu avoir la reconnaissance de maladie professionnelle »
– Florian Trichard, cofondateur et CEO d’Ablatom
Un diagnostic donc non seulement plus rapide car la composition chimique de la matière est révélée en quelques millisecondes, mais aussi plus complet.
Aujourd’hui, la start-up mène toujours des recherches actives sur ce sujet en collaboration avec l’Université Grenoble-Alpes, mais souhaite également démocratiser cette technologie à des enjeux majeurs comme le nucléaire, la santé et l’énergie. Des premiers pas encourageants dans la lutte contre les maladies chroniques.
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Crédit Image à la Une : Ablatom